Un vent de révolte souffle sur Yahoo. Un vent qui prend la forme d'un mémo - rédigé par un vice-président du groupe - qui a fort opportunément fuité pour se retrouver publié dans les colonnes du Wall Street Journal. Selon Brad Garlinghouse - l'auteur du mémo intitulé "le manifeste du beurre de cacahuète" - rien ne va plus chez le premier concurrent de Google. Le groupe y est décrit comme manquant de vision cohérente, subissant le poids de la bureaucratie et en retard sur les autres sociétés oeuvrant sur Internet. Brad Garlinghouse stigmatise l'échec de Terry Semel, le PDG, et de l'ensemble de l'équipe dirigeante, à insuffler une stratégie valable au moteur de recherche. "J'ai entendu qu'on l'on décrivait notre entreprise comme tartinant du beurre de cacahuète sur une myriade d'opportunités (...)", écrit ainsi le vice-président, qui reproche à Terry Semel de ne pas axer le développement du groupe sur un coeur de métier fort et d'éparpiller les activités. "Le résultat : une fine couche d'investissements délayée dans tout ce que nous faisons et aboutissant à ce qu'on ne se concentre sur rien de spécial". Au-delà du manque de prise de décision et de l'absence de vision cohérente et centrée sur seulement quelques domaines, Brad Garlinghouse met en lumière le peu de communication existant entre les différentes entités du groupe, les redondances massives et la structure trop bureaucratique. Surtout, il insiste sur le peu de cohérence drapant la stratégie. Il s'interroge ainsi sur la pertinence des acquisitions de Flickr et Del.icio.us quand Yahoo détenait déjà Photos et MyWeb. "Les têtes doivent changer" Que l'on adhère ou non aux récriminations du frondeur - qui se défend toutefois de vouloir nuire à son groupe ("[je veux] faire partie de la solution et pas du problème", note-t-il) - force est de reconnaître le peu de réussite dont fait preuve Yahoo depuis plusieurs trimestres. L'action a ainsi perdu plus de 30% en 2006 et a enchaîné les publications de résultats décevantes. Le moteur de recherche affichait ainsi des reculs respectifs de 78 et 37% sur les deuxième et troisième périodes de 2006. Dans le même temps, Yahoo voit son principal concurrent prendre le large avec plus de 60% des parts du marché mondial de la recherche en ligne. Pour palier ces déficiences, Brad Garlinghouse se montre radical : "les têtes doivent changer". Sous-entendu, les dirigeants du groupe qui ne sont pas parvenus à redresser la situation n'ont pas leur place dans la société, laquelle mérite une "restructuration radicale". De fait, il en appelle à une réduction de 15 à 20% des effectifs. Poursuivant sa réflexion, il estime nécessaire pour Yahoo de quitter les activités n'entrant pas directement dans son coeur de métier, d'éliminer les produits et les activités redondants et de mettre en place une meilleure comptabilité. Yahoo n'a pas réagi officiellement à cette fronde. Le moteur s'est contenté de souligner qu'elle était le signe de la culture d'ouverture et de collaboration régnant au sein du groupe.