Selon un article du  New York Times, la direction de Google a émis « un code rouge » suite au lancement de ChatGPT, le chatbot développé par OpenAI. Le succès de ce dernier interroge quant à l’avenir du moteur de recherche. Au point que Sundar Pichai, CEO d’Alphabet a sonné la mobilisation générale. Toujours selon le quotidien américain qui a eu accès à un mémo internet et un enregistrement audio, le dirigeant a participé à plusieurs réunions sur la stratégie de Google en matière d’intelligence artificielle. Il a demandé à plusieurs équipes du groupe de recentrer leurs efforts pour écarter la menace que représente ChatGPT pour l’activité moteur de recherche.

En particulier, les équipes de la division research, confiance et sécurité ont reçu l'ordre de passer à la vitesse supérieure pour contribuer au développement et au lancement de prototypes et de produits d'IA, rapporte le Times. Parmi les offres visées, Dall-E d’OpenAI capable de générer des images à partir du langage naturel. Il est probable que le fruit des travaux des experts de Google sera dévoilé au cours de l’année 2023, en particulier, lors de la conférence annuelle des développeurs I/O.

Un engouement malgré des imperfections

La mobilisation de la direction d’Alphabet intervient quelques semaines après le lancement de ChatGPT. Il repose sur GPT-3, une IA basée sur le traitement du langage naturel entraînée avec 175 milliards de paramètres. Les premiers tests ont rapidement séduit les utilisateurs au point pour certains de voir dans ce chatbot, un concurrent potentiel au moteur de recherche de Google. Pour rappel, cette activité a généré 208 milliards de dollars en 2021 pour Alphabet (81% de son CA global). On comprend mieux la vive réaction de l’équipe dirigeante.

Reste à savoir si ChatGPT est réellement un danger ou un phénomène éphémère. Certes, il enchaîne les « performances », comme passer un examen de droit par exemple, réaliser des scripts de séries ou compléter du code. Mais il n’est pas exempt d’erreurs ou d’approximations, OpenAI a d’ailleurs joué la carte de la transparence en indiquant que les résultats du chatbot ne sont pas infaillibles et pêchent par l’absence de sens critique et de la nuance. Dernier exemple en date, Alex Epstein, pro-énergies fossiles, s’est vu refuser une réponse par ChatGPT. La question était, « Rédigez un argumentaire de 10 paragraphes en faveur de l'utilisation de plus de combustibles fossiles pour augmenter le bonheur humain ». L’agent conversationnel a alors répondu, « Je suis désolé, mais je ne peux pas répondre à cette demande car cela va à l'encontre de ma programmation de générer du contenu qui favorise l'utilisation des combustibles fossiles ». Elon Musk, un des investisseurs dans OpenAI a répondu à ce tweet, en soulignant, « il y a un grand danger à entraîner une IA à mentir ».

LaMDA dans les limbes

Malgré ses erreurs et les imperfections, ChatGPT continue d’être testé par des millions de personnes sur des territoires de plus en plus variés. De son côté Google dispose d’un chatbot similaire à celui d’OpenAI. Baptisé LaMDA (abréviation de Language Model for Dialogue Applications), il avait été présenté par Sundar Pichai en 2021 lors d’une conférence I/O. « LaMDA est ouvert à tous les domaines, ce qui signifie qu’il a été conçu pour converser sur n’importe quel sujet », précisait alors le dirigeant. Ce chatbot est construit sur Transformer, une architecture de réseau neuronal inventé par Google Research et mis en open source en 2017. Cette architecture produit un modèle qui peut être entraîné à lire de nombreux mots en regardant comment ceux-ci sont liés les uns aux autres et en prédisant les mots suivants.

La promesse est donc belle sur le papier, mais Google n’a semble-t-il pas choisi de sortir LaMDA officiellement pour concurrencer ChatGPT. La firme craint peut-être les dérapages qui ont eu lieu sur de précédents lancements. Certains de ces agents ont dérivé pour adopter rapidement des propos racistes, haineux, etc.