La section CFDT de Hummingbird France assignait ce matin en référé la direction de l'entreprise ainsi que son comité d'entreprise (CE), afin d'obtenir l'annulation du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en cours au sein de la filiale française de l'éditeur, suite à son rachat par OpenText. La délégation syndicale s'appuyait sur un constat de carence dressé par l'Inspection du Travail pour demander au tribunal d'obliger Hummingbird France à revoir entièrement sa copie. Pour la CFDT, l'avocate a dénoncé l'insuffisance du PSE notamment sur l'aspect du reclassement, évoquant les « quatre offres de reclassement, toutes à l'étranger » (« neuf postes », corrigea plus tard l'avocate de la direction). Elle a aussi souligné que dans la mesure où OpenText et Hummingbird avaient fusionné (le nom OpenText étant utilisé à l'accueil ainsi que pour les emails), des reclassements devraient pouvoir avoir lieu au sein d'OpenText. L'avocate de la direction a estimé que cet argument ne tenait pas, les sociétés restant des entités juridiquement séparées : « OpenText France est une société distincte, qui a elle-même des difficultés économiques ». L'autre grand pan de la plaidoirie de l'avocate de la section CFDT consistait à dénoncer les critères de suppression de postes. « La société a fait la liste des salariés par service, a-t-elle indiqué, et mis en face des postes à supprimer, [...] or on retrouve des emplois qui ont la même appellation, tels que managers ou ingénieurs d'affaires. » Conséquence : « les personnes sont identifiables ». Or dans un PSE on commence par supprimer des postes, et on regarde ensuite qui, selon les critères retenus, est licencié. « Pour une réelle application des critères, il aurait fallu prendre l'ensemble des managers, l'ensemble des ingénieurs d'affaires, etc. », a poursuivi l'avocate. Plus tard, l'avocate de la direction est revenue sur ce qu'elle a qualifié de « reproche totalement infondé ». « Si c'est indiqué dans le PSE, a-t-elle affirmé, c'est pour la clarté des débats, mais les critères seront bien évidemment appliqués à l'ensemble des catégories des différents services, cela va de soi ! » Charge au président du tribunal d'apprécier la pertinence de l'argument. Premières lettres de licenciement juste après Noël Au grand dam du président, qui pressait les avocats de s'en tenir aux seuls éléments du PSE, les plaidoiries dérivaient souvent sur des attaques personnelles et des procès d'intention de part et d'autre. Dernière à parler, l'avocate du CE a ainsi dénoncé « un véritable réquisitoire contre le CE ». Plus théâtrale que ses consoeurs, elle a expliqué : « nous subodorions que cet intérêt soudain [du délégué CFDT pour le syndicalisme] cachait quelque chose. Et hier au soir, nous apprenons que [quelques personnes] du service commercial, qui sont les plus gros salaires, font cela afin de pouvoir créer une structure qui distribuerait un des produits d'Hummingbird. » Comprendre Genio, un ETL (outil d'extraction et de chargement de données) plutôt en perte de vitesse, d'ailleurs, et qui n'entre pas du tout dans la stratégie produits d'OpenText. La seule manifestation de la salle s'est produite lorsque l'avocate du CE et celle de la CFDT ont tenté de prendre avantage des rangs remplis derrière leurs clients. Le public (plus de quarante personnes) a bruyamment rappelé que ce n'était pas aussi simple. Toutefois, à voir se former les clans à la sortie du tribunal, on pouvait constater que celui autour du délégué CFDT était le plus réduit. Le tribunal donnera sa décision le 4 janvier. Sachant que la procédure n'est pas suspensive, et que les premières lettres de licenciement devraient partir le 27 décembre. Si la procédure devait repartir à zéro, les gens concernés devraient alors être réintégrés. Mise à jour du 28/12/06 : le nom du délégué CFDT a été supprimé à sa demande, dans la mesure où il considérait que les propos tenus par l'avocate de la partie adverse pouvaient être considérés comme diffamatoires.