Selon le cabinet d'études IDC, le marché IT mondial devrait de plus en plus ressembler au secteur des télécoms : les parts de marché de l'Amérique du Nord et de l'Europe diminuent au fur et à mesure que celles des économies émergentes croissent. Rien de très surprenant au fond. Premier indicateur de la montée en puissance des pays dits émergents : la différence de produits intérieurs bruts. En 2006, la croissance du PIB de la Chine devrait atteindre 9,2 %, celui de l'Inde 8,1 %. Parallèlement, la hausse devrait plafonner à 3,2 % aux Etats-Unis et 2,1 % dans l'Union européenne. Sur le terrain de la croissance IT, plusieurs facteurs affectent le dynamisme des économies occidentales. C'est notamment le cas de la disponibilité d'une main d'oeuvre qualifiée et du coût du travail. Selon Philippe de Marcillac, la Chine compte ainsi cinq fois plus d'ingénieurs diplômés que les Etats-Unis. Les marchés émergents profitent en outre d'avantages démographiques : 27 % de la population dans ces régions du monde a entre 15 et 29 ans, contre 18 % dans les économies matures. Les moins de 15 ans sont 30 % dans les pays les moins riches, soit deux fois plus que dans leurs homologues dits industrialisés. "La Chine est la quatrième puissance économique cette année, explique Philippe de Marcillac, et le premier exportateur IT. Elle a dépassé l'Allemagne au troisième rang du marché des services télécoms" et constitue le sixième marché IT mondial. Pour autant, elle doit encore affronter plusieurs défis, dont la concurrence de l'Inde et des autres pays émergents en Asie. En Inde, les revenus liés aux activités IT s'alignaient juste en dessous de 30 Md$ en 2005 ; ils devraient atteindre 40 Md$ cette année et dépasser 60 Md$ en 2009. Illustration du dynamisme des ex-PVD : les dépenses IT au Brésil, en Russie, Inde et Chine, devraient passer de 50 Md$ en 2004 à 115 Md$ en 2009. "Ces pays auront la même part de marché que le Japon à cet horizon", précise IDC. Se projetant à l'horizon 2050, le marché mondial devrait être dominé par la Chine, suivie par les Etats-Unis et l'Inde. Loin derrière se trouveront le Japon, le Brésil, la Russie et l'Union européenne. Mais la première place pourrait tout aussi bien être occupée par l'Inde. Pour parvenir à se hisser à ces positions, les économies émergentes devront éviter les principaux écueils susceptibles de se dresser sur leur chemin : inflation, insolvabilité, troubles sociaux, administration centrale défaillante, corruption et manque d'infrastructure.