Investissement dans TCPA, développement de technologies de gestion de droits numériques, accélération du cryptage sur les processeurs réseaux. Intel est l'un des grands protagonistes de l'effort de sécurisation des PC aux côtés de sociétés comme IBM ou Microsoft. A San Jose, le constructeur a poussé encore un peu plus loin ses pions, en annonçant l'insertion de technologies de gestion de certificats numérique dans sa nouvelle architecture processeur pour ordinateurs portables, Banias.

Il a également dévoilé LaGrande, une technologie qui devrait être intégrée à certains processeurs fin 2003 ou courant 2004, pour permettre le développement de plates-formes informatiques sécurisées.

Selon Paul Otellini, le PDG d'Intel, "LaGrande fournit les fondations matérielles pour mettre en oeuvre une architecture de sécurité dans les PC. La technologie assure notamment un environnement sécurisé pour les applications, la mémoire et le stockage". Même si Intel ne souhaite pas communiquer plus avant sur LaGrande, la technologie semble s'inscrire dans le schéma TCPA (Trusted Computing Platform association) et fournir un coprocesseur cryptographique, ou TPM (Trusted Platform Module), directement sur le processeur. Jusqu'alors, seuls des fabricants comme IBM, Infineon, National Semiconductor ou ST Microelectronics fournissent des puces TPM (dont une est intégrée dans le Thinkpad T30, lancé en avril dernier). Mais ce sont des composants discrets que les fabricants choisissent ou non d'intégrer à leurs machines. Fournir un composant TCPA directement sur le processeur ferait de facto de TCPA une composante obligatoire des PC.

Cette simple caractéristique hérisse le poil des défenseurs de la vie privée. L'une des applications grand public de TCPA est en effet la gestion de droits numériques. Un PC TCPA est l'incarnation du rêve d'Hollywood et des grands studios. Il leur permettrait en effet, couplé à l'OS adéquat (par exemple Windows XP avec Palladium), de contrôler étroitement la façon dont les supports sont utilisés. On peut par exemple imaginer la possibilité de limiter les droits de copie (d'un PC à l'autre, d'un PC à un PDA...), les droits de lecture (lecture une seule fois ou plusieurs ou illimitée...). Des capacités qui limiteraient grandement la liberté dont jouissent aujourd'hui les utilisateurs des technologies numériques. Pour les entreprises, en revanche, le monde TCPA est un petit paradis. Il pourrait en effet grandement simplifier la sécurisation des infrastructures informatiques du serveur au poste client.

Conscient des possibles conflits à venir, Otellini se veut rassurant en indiquant que l'utilisateur (entreprise ou particulier) restera libre d'activer ou non LaGrande. Mais cette position frise l'hypocrisie dans le domaine du grand public. Si en effet Microsoft choisit un jour de faire de Windows un OS sécurisé, l'activation d'un dispositif comme TCPA sera obligatoire pour simplement lancer l'OS. L'utilisateur devra donc activer LaGrande s'il veut simplement mettre en marche son PC. A moins de désactiver l'ensemble, de jeter Windows, et d'adopter un système alternatif comme une version non TCPA de Linux ou Mac OS.