Les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage aiguë de la NSA ont finalement causé beaucoup de tort au développement du cloud computing. Selon une étude réalisée par NTT Communications, beaucoup de DSI accordent aujourd'hui une attention toute particulière à la localisation de leurs données stockées dans le cloud. Dans son panel de 1 000 décideurs IT interrogés au Royaume-Uni, aux États-Unis, à Hong Kong, en France et en Allemagne, NTT Communications a constaté que neuf DSI sur dix indiquent que l'affaire Snowden a eu un certain impact sur leur approche du cloud.

La moitié des personnes interrogées déclarent qu'elles accordent une plus grande attention à l'endroit où les données sont stockées, et un peu plus de la moitié ont décidé de reporter des projets cloud pour verrouiller ce point précis. Environ 35% du panel indiquent avoir changé de fournisseurs de services cloud et 62% affirment avoir cessé de transférer leurs solutions IT dans le cloud.

Une méfiance devenue naturelle

Donc si l'affaire Snowden a bien affecté le comportement des décideurs IT, il reste encore difficile de comprendre si une partie de cette méfiance n'est pas tout simplement naturelle depuis que les informaticiens se sont familiarisés avec les risques inévitablement liés aux fournisseurs de services cloud.

Par exemple, 97% des répondants ont dit qu'ils préféraient stocker leurs données dans leur propre région, un point particulièrement important pour les entreprises de l'Union Européenne. Mais ce point correspond également à des questions de souveraineté et de conformité; même sans l'affaire Snowden, la conservation de données sensibles - comme dans les banques et les services publiques - est assujettie à une législation précise et les pratiques de la NSA ont simplement mis en avant la nécessité de renforcer les procédures de sécurité. Le point de vue de certains fournisseurs de services cloud est que le chiffrement suffit pour renforcer la sécurité des données, mais ce n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre. Il est également coûteux et s'accompagne souvent d'une baisse des performances.

Une chance pour les acteurs européens

« Les décideurs IT n'ont pas tardé à tirer des leçons de la crise actuelle et commencent à scruter d'un autre oeil leurs fournisseurs. Des fournisseurs qui peuvent parfaitement s'accommoder d'exigences accrues en matière d'intégrité des données, de gouvernance et de sécurité pour retrouver le sourire dans le monde de l'après-Snowden », notent les auteurs de NTT Communications.

Si les révélations d'Edward Snowden ont amené beaucoup de questions sur la table et enterré quelques certitudes sur la sécurité des réseaux et, donc, du cloud, ce sera peut-être encore au final très bénéfique pour l'industrie IT. Certaines entreprises européennes pourraient tirer leur épingle du jeu au détriment de sociétés américaines pourtant archidominantes sur le marché du cloud. Dans tous les cas, un examen encore plus minutieux des conditions d'exploitation et de réversibilité est devenu incontournable.