S'il est directeur de la DINSIC et à ce titre « DSI groupe » de l'Etat, Henri Verdier est également administrateur général des données, « CDO groupe » de l'Etat. Le 10 avril 2018, il a remis son rapport 2016-2017 au secrétaire d'Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. Intitulé « La donnée comme infrastructure essentielle », ce rapport fait bien sûr un bilan de l'action menée depuis le précédent, il y a deux ans, effectue des comparaisons avec des pratiques d'autres pays (dont l'Estonie) mais promeut également des actions afin de faire progresser la gouvernance et la valorisation de la donnée de l'Etat. Parmi les éléments ayant fait bouger les lignes, la fameuse Loi République Numérique, portée par Axelle Lemaire, a été un jalon important en 2016, notamment sur la valorisation et l'ouverture des données. 2018 devrait voir avancer des sujets tels que l'application de l'intelligence artificielle dans la sphère publique, dans la foulée du rapport de Cédric Villani.

Le rapport insiste sur les différentes étapes de la vie de la donnée, en commençant bien sûr par sa production mais aussi sa circulation et son exploitation. Chaque étape fait l'objet d'un bilan -souvent positif- mais aussi de critiques et d'une volonté de développement. Le cumul des fonctions de directeur de la DINSIC et d'AGD par un même titulaire est vu dans ce rapport comme une opportunité d'avancer sur des sujets à fortes dimensions techniques tels que le développement des API pour accroître la circulation et l'exploitation des données.

Moins de mauvaises pratiques, plus de bonnes pratiques

Depuis deux ans, les « mauvais pratiques » se sont fortement réduites. Les données pouvant offrir de la valeur (hors obligations de secret) ont été largement libérées et ouvertes gratuitement afin d'offrir plus de services publics mais aussi plus d'opportunités commerciales à des tiers privés. Le concept de « données essentielles » et le développement de référentiels clairs ont permis d'améliorer cette disponibilité de la donnée. Le fort développement des usages du répertoire SIRET en est un exemple.

Dans les prochaines années, l'AGD veut voir l'élan se poursuivre. S'il est « CDO groupe » de l'Etat, chaque ministère peut disposer d'un administrateur ministériel des données (AMD, « CDO » d'un ministère), à ce jour Ecologie, Intérieur, Finances Publique et Agriculture. Il s'agit, selon le rapport, de multiplier les synergies et de développer un réseau de tous ces administrateurs des données publiques. De la même façon, le développement des usages des données publiques est promue pour développer de nouveaux services, Pôle Emploi étant cité en exemple pour des services tels que « La Bonne Boîte » ou « La Bonne Formation ». Ces nouveaux services -à usages internes ou pour les administrés- reposent beaucoup sur de l'aide à la décision, raison pour laquelle l'intelligence artificielle pourrait y avoir une place. Bref, il s'agit, comme indiqué par le titre de ce rapport, de faire de la donnée une infrastructure sous-tendant le développement de services.