Ancien analyste de Forrester, aujourd'hui chez Altimeter, Ray Wang a sévèrement critiqué les résultats obtenus par SAP en termes d'innovations. Invité à s'exprimer à la conférence des utilisateurs SAP d'Irlande et du Royaume-Uni, l'analyste a listé une série d'échecs conduisant des grands clients à chercher des solutions alternatives pour leurs dépenses en matière de progiciels. Une charge qui n'est pas sans rappeler celle de son ex-collègue John Rymer, qui a récemment fait part de ses doutes sur les intentions de SAP en matière de middleware. Ray Wang reconnaît que SAP investit beaucoup en R&D ; toutefois, il estime que les retours ne sont pas au rendez-vous. Pour lui, malgré les 1,6 Md€ consacrés l'année dernière à la R&D (soit 19,4% du chiffre d'affaires, à comparer aux 13,7% qu'Oracle y consacre), SAP est toujours en retard sur ses promesses, et n'annonce aucune innovation avant 2014. Une enquête d'Altimeter auprès de 73 gros clients SAP a mis en évidence quelques priorités pour eux : la réduction de la complexité et du TCO, simplifier l'intégration sans investissement supplémentaire, finir ce qui était promis sur la feuille de route originale, réduire les coûts de maintenance ou bien clairement démontrer la valeur, et enfin se focaliser de nouveau sur l'innovation (Web 2.0 ou Saas, par exemple). Ray Wang pointe notamment « cinq grands revers » : Netweaver, Duet, Business ByDesign, Solution Manager et le support d'entreprise. Il estime néanmoins que le potentiel de SAP est considérable, il serait simplement souvent caché des utilisateurs finaux à cause de dissensions politiques internes. L'analyste a donc encouragé les utilisateurs à adhérer aux associations, afin de pouvoir davantage peser sur la feuille de route de SAP. C'est aussi ce qu'a dit le patron du club utilisateurs SAP UK and Ireland User Group, Alan Bowling : « Nous avons connu une belle collaboration avec SAP cette année, mais comme toujours, nous aimerions pouvoir aller plus loin. On adorerait pouvoir être inclus dans les discussions sur l'innovation. En tant qu'utilisateurs, nous pourrions jouer un grand rôle pour les aider à décider quelles innovations doivent sortir des labos et être mises sur le marché. Ce serait super d'avoir ainsi une meilleure visibilité sur ce qui se passe dans les labos, et aider SAP sur la direction à suivre en matière de R&D. » SAP prône la co-innovation Tim Noble, qui préside SAP Irlande et Royaume-Uni, a répondu en substance que c'était déjà la politique observée : « SAP accorde une grande attention à l'innovation, ainsi qu'à la co-innovation tant avec des partenaires qu'avec des clients. Nous avons une feuille de route claire jusqu'en 2012, qui a été annoncée publiquement, et nous procéderons à d'autres annonces l'année prochaine, ainsi que nous l'avons indiqué lors de la présentation de nos résultats du troisième trimestre. Mettre le client au coeur de notre organisation est notre objectif principal, et il est critique pour nous d'écouter leurs besoins en matière d'innovation et de mieux communiquer sur nos plans pour cette année 2010. » Enfin, alors que Ray Wang incite fortement les entreprises à aller chercher dans les offres Saas de quoi compléter leurs solutions SAP, Alan Bowling se montre moins critique. « SAP a admis n'avoir pas tout fait bien lors de la première itération de BusinessByDesign, mais ce qu'ils font maintenant est très intéressant. L'approche hybride, où vous pouvez avoir certains de vos processus dans le nuage et d'autres toujours chez vous est très innovante. Des entreprises qui estiment trop risqué de mettre des processus critiques dans le cloud pourraient ainsi conserver ces derniers chez elles et déployer dans le cloud les processus moins critiques. »