Après la récente polémique soulevée par le patron de Mandriva suite au choix d'Ubuntu pour équiper en Linux les PC des députés, Jean-Noël de Galzain, patron de Wallix et IFR Linux Conseil, essaie de siffler la fin de la récréation. Au risque de relancer la polémique, mais rouvrant un débat utile sur le modèle économique des SSLL et éditeurs du Libre, Jean-Noël de Galzain a adressé à la presse une « lettre ouverte aux membres de la communauté des logiciels libres » où il demande - sans le nommer - au PDG de Mandriva François Bancilhon de « ranger les sarcasmes » et de « contribuer à créer l'écosystème ». Joint par la rédaction, Jean-Noël de Galzain explique sa réaction par la publicité négative engendrée par ce type de polémique : « Je me suis décidé à écrire cette lettre lorsque j'ai vu une deuxième lettre ouverte sur le site de Mandriva qui revenait sur cette affaire. Je ne comprends pas qu'on puisse se critiquer dans un monde en pleine création. On a quelques acteurs qui commencent à être en mesure de se positionner sur des appels d'offres, à montrer la crédibilité du logiciel libre, et face à ça, on a des réactions qui donnent l'image d'une cour de récréation. » Jean-Noël de Galzain estime que si Mandriva a perdu l'appel d'offres de l'Assemblée nationale face à Linagora (qui préconisait Ubuntu), c'est parce que l'éditeur n'a pas cherché à nouer de partenariat spécifique avec les acteurs du Libre. Sur les sociétés que Wallix fréquente à l'association de défense et de promotion du logiciel libre April, « pas une ne travaille avec Mandriva », dit-il. Si Mandriva ne passe pas d'accord avec des SSLL, « il risque de disparaître, au moins sur le marché professionnel ». Réponse de François Bancilhon : les SSLL ne jouent pas le jeu Jean-Noël de Galzain appelle donc à dépasser les querelles de personnes (entre François Bancilhon et Alexandre Zapolsky, le patron de Linagora) : « Ce sont les mêmes personnes qui depuis quelques mois se font la guéguerre. On a compris qu'il y avait un problème entre Linagora et le reste du monde. Mais dans le monde du Libre, il y a des acteurs qui travaillent, qui bâtissent des offres. Lorsque nous voulons faire des choses ensemble, nous dire des choses, nous prenons le téléphone. Et ainsi on remporte des marchés tous les jours. » « C'est une très bonne idée, répond François Bancilhon. Mais je ne peux pas me rapprocher de quelqu'un qui veut ma peau pour m'acheter pour rien. » Comme le souligne Jean-Noël de Galzain, « il n'y a pas que Linagora, il y a d'autres acteurs (qui font éventuellement plus de chiffre d'affaires, même si c'est Linagora qui communique le plus) ». Mais François Bancilhon estime de son côté que les SSLL ne sont pas prêtes à jouer le jeu, en laissant à l'éditeur une part du service. « Si on doit travailler avec eux, il faut que notre contribution soit autre chose que de fournir un logiciel gratuit pour lequel ils ne payent aucun support, dit-il. La logique du Libre veut que nous équilibrions nos investissements dans le logiciel avec le service fourni. Si les SSLL s'appuient sur l'éditeur pour fournir le support, c'est bien. S'ils considèrent qu'il s'agit juste de prendre un logiciel gratuit - financé par un milliardaire - afin de casser les prix, je n'appelle pas ça un modèle économique. »