« La filière du numérique favoriserait dans les 8 prochaines années la création de 1,75 million de nouveaux emplois en Europe » estime Opinionway. Une étude commandée par l’école 42 auprès de Opinionway révèle que les préjugés sur l'IT ont encore aujourd’hui la vie dure et freinent les vocations dans ces filières. Dans son étude, Opinionway relève les 5 idées reçues les plus récurrentes : 70% des sondés pensent que les formations coûtent cher, 66% pensent qu’il s’agit de métiers accessibles avec un niveau de diplôme important, 58% imaginent que ces formations et métiers sont uniquement destinés aux profils bons en mathématiques. Ces trois premières idées sont partagées par plus de 50% des Français et sont pourtant loin de la réalité. Arrivent ensuite l’idée selon laquelle ces métiers sont faits pour les jeunes (50%) et seraient réservés aux écoles d’ingénieurs (36%).

Par opposition, la majorité des sondés porte un regard positif sur ces métiers : les perspectives d’emploi sont perçues comme nombreuses par 88% d’entre eux avec des niveaux de salaires attractifs (79%). Par ailleurs, plus de 8 Français sur 10 estiment que travailler dans l'IT est valorisant (81%) tant et si bien que 78% recommanderaient cette voie professionnelle à un proche. Dans cet environnement de travail en transformation perpétuelle et avec la possibilité d’adopter sans cesse de nouveaux outils, la prise de conscience pourrait toutefois enfin avoir lieu. Les entreprises ont besoin de se digitaliser, d’entamer une réelle transformation numérique et d’adopter des outils plus récents, la crise a été un marqueur fort à ce sujet. L’étude révèle également que pour 80% des Français, la maîtrise du code et de l’informatique est aujourd’hui devenue incontournable.

Le manque d’information participe au renforcement des préjugés

La réponse à ces idées reçues n’est que trop bien connue : le manque d’information et le fait d’être mal conseillé entretient ces idées et empêche beaucoup de personnes d’accéder à ces emplois du numérique. Même si des guides sur les métiers IT porteurs existent, ces derniers ont un coût qui peut représenter un frein. Il en va de même pour le coût des formations techniques, évoqué plus tôt, qui représenterait un blocage pour 70% des Français. Ce point, lié au biais selon lequel un diplôme élevé est déterminant pour y accéder, a pour conséquence le peu d’intérêt pour ces formations. Pour pallier ces problèmes, de nombreuses écoles ont pourtant vu le jour ces dernières années, à l’instar d’Ecole 42, qui forme gratuitement et sans condition de diplôme tous les publics dès 18 ans ou encore des écoles Simplon by Microsoft, qui ne demandent comme pré-requis technique qu’un niveau lycée en mathématiques (fonctions et dérivées à minima). A noter que pour ces écoles, la formation et le passage des certifications sont gratuits pour les bénéficiaires du fait d’entreprises partenaires financeurs de la formation et des fonds de financement de la formation professionnelle existants.

Être un cador en mathématiques n’est donc plus une obligation. Opinionway explique en ce sens que « la majeure partie des domaines applicatifs réclame peu de compétences dans le domaine, contrairement à la logique et au bon sens ». De plus, tous les publics sont confondus et l’âge a peu d’importance ; 42 précise en effet avoir réussi sept années d’expérimentation en partenariat avec Pôle Emploi Île-de-France auprès de seniors et demandeurs d'emploi longue durée, avec des taux de retour à l'emploi allant de 70% à 75%.

Eveiller au numérique dès le plus jeune âge

Pour aller plus loin, l’école 42 a décidé de mener plusieurs expérimentations en collaboration avec le ministère de l’Education Nationale, à travers la formation IOTA (Informatique Ouverte à Tous les Apprenants), pour favoriser l'apprentissage de la culture numérique chez les élèves de CM1, CM2 et 6ème. Sophie Viger, directrice générale de 42 depuis 2018, explique que cette démarche prend tout son sens, « tout comme le déploiement [du] réseau sur le territoire : depuis 2013, nous comptabilisons 11 889 étudiants formés ou en cours de formation, dont 46% n’avaient jamais codé ».

Sophie Viger est directrice générale de 42 depuis 2018. (Crédit : 42)

Le gouvernement a également mis la main à la patte en lançant en 2015 le réseau la Grande école du numérique (GEN) regroupant une centaine de formations aux métiers du numérique en France. En 2020, 14853 personnes ont été formées ou étaient en cours de formation au sein de ce réseau. Cette initiative s’est ainsi invitée dans les classes des plus jeunes invitant les enseignants du primaire à initier leurs élèves à la programmation et à la robotique. Cet apprentissage reste toutefois encore inégalement implanté sur le territoire et sa mise en place relève souvent de la disponibilité des formateurs ainsi que de la présence du matériel et des infrastructures réseau nécessaires. De fait, 78% des Français considèrent que les compétences informatiques ne sont pas assez développées à l’école d’après l’étude réalisée par Opinionway et 7 sur 10 estiment que les métiers du numérique n’y sont pas assez valorisés. La visibilité sur les débouchés professionnels proposés dans la filière en est d’autant plus impactée. L’Etat, clairvoyant sur ce sujet prévoit un budget de 2,5 milliards d’euros dédié à la formation des talents dans le cadre du plan de relance France 2030. Reste à savoir si celui-ci pourra suffire à relancer le développement de ces filières.