Microsoft, plutôt que de se battre en vain contre OpenDocument, le format ouvert mis au point par l'Oasis OpenDocument, a finalement choisi d'en assurer l'intéropérabilité avec OpenXML, son format maison, dans Office 2007. C'est ce qu'a annoncé le géant du logiciel ce 6 juillet. Prenant à contre-pied les acteurs du Libre en préférant supporter ODF dans la prochaine version de sa suite bureautique plutôt que d'en ignorer l'existence, le groupe de Redmond ne pousse cependant pas le vice jusqu'à l'intégrer nativement dans Office. L'utilisateur devra en effet effectuer la démarche d'aller télécharger l'add-on OpenXML Translator sur sourceforge.net pour pouvoir utiliser le format ODF. "Nous préférons l'intégration dynamique pour que les utilisateurs téléchargent et disposent toujours de la dernière version", plaide Bernard Ourghanlian, le directeur technique et sécurité de Microsoft France. Mis au point par CleverAge, une société française qui s'était précédemment illustrée en développant une extension à Office 2003 permettant l'importation de documents OpenOffice, le traducteur OpenXML/ODF repose sur une licence Open Source de type BSD "pour s'assurer que l'ensemble de la communauté ODF pourra contribuer à ce projet", précise Bernard Ourghanlian. Une version bêta est d'ores et déjà disponible pour Word 2007 sur sourceforge.net. La version finalisée devrait être publiée en décembre, celles pour Excel et Powerpoint suivront dans les premiers mois de 2007. L'interopérabilité entre OpenXML et ODF ne sera cependant pas complète : "quand on utilise un traducteur, il peut y avoir plusieurs mots pour une même traduction, le compromis consiste à choisir le meilleur mot, explique Bernard Ourghanlian. Notre traducteur doit être le meilleur pont possible [entre les deux formats]". Et le directeur technique et sécurité de s'appuyer sur l'exemple de l'implémentation des formules mathématiques : "ODF les documente en neuf pages, OpenXML en 400. Il y aura forcément des différences". De fait, l'enregistrement de documents OpenXML en ODF pourra altérer le contenu des fichiers reposant sur des fonctionnalités nouvelles, auquel cas l'utilisateur sera averti des incompatibilités. Ce dernier point permet à Microsoft de rebondir et de clamer la supériorité de son propre format sur ODF "qui ne permet pas autant de fonctionnalités". L'éditeur mise toujours sur OpenXML et veut en faire une norme ISO dans les prochains mois. Après que l'International Organization for Standardization eut approuvé l'ODF, le Gartner tablait sur un rejet de l'OpenXML par l'organisation. Pour Sophie Gautier, la responsable en France du projet OpenOffice.org (suite bureautique Open Source utilisant le format ODF), l'initiative de Microsoft d'assurer l'interopérabilité "est une bonne chose... qu'il faut encore tester". Si les commentaires restent prudents quelques heures seulement après l'annonce de l'éditeur, Sophie Gautier note toutefois que, sous la pression de plusieurs administrations, le groupe de Redmond pourrait ne pas avoir eu le choix de développer ou non son traducteur. Rappelons que l'Etat du Massachusetts s'était fait le fer de lance du format ODF avant que la Belgique, le Danemark et, dans une moindre mesure, la France l'adoptent ou manifestent leur intérêt.