20 voix contre 1. A l'unanimité, moins la voix d'IBM, l'assemblée générale de l'Ecma, organisme international de normalisation, réunie à Zurich jeudi 7 décembre après-midi, a élevé Open XML, format bureautique de Microsoft, au rang de standard international (Ecma 376). Ce très attendu résultat doit ouvrir les portes de l'ISO au désormais standard et positionner Open XML aux côtés de son plus grand rival OpenDocument (ODF), format ouvert de l'Oasis et standard ISO depuis mai. Cette normalisation joue en effet un rôle capital dans l'avenir du format auprès des entreprises, qui, voient un moyen pérenne et favorisant l'interopérabilité dans la gestion de leurs fichiers archivés. Les administrations, tant européennes qu'américaines (comme par exemple l'Etat du Massachusetts), ont été les précurseurs du mouvement, en mettant tout leur poids du côté d'ODF, de par son ouverture et sa standardisation. La normalisation d'Open XML pourrait ainsi relancer le débat. Une année de travaux aura été nécessaire pour le développement des spécifications. "Sans tension", précise Kader Yildirim, membre du comité technique représentant Essilor. "Un an de travail rythmé au son de deux heures de conf call par semaine et une réunion tous les deux ou trois mois". Le comité technique (TC45), en charge du chantier, avait publié les versions finales d'Open XML le 11 octobre dernier. "Un document d'une précision incroyable", commente un autre membre du comité. "Nous avons rédigé une documentation de 6 000 pages. Pour aider les développeurs à les digérer, nous avons rédigé un document récapitulatif d'une quinzaine de pages", renchérit Kader Yildirim. Le comité technique réunissait Apple, Barclays Capital, BP, The British Library, Essilor, Intel, NextPage, Novell, Statoil, Toshiba et enfin la bibliothèque du Congrès américain. IBM, seul contre tous "ODF est le futur. Open XML est du passé. Nous avons voté pour le futur". IBM, unique vote contre, estime, par la voix de Bob Sutor, vice-président Open Source et standard chez Big Blue, qu'ODF, format qu'il supporte fermement dans ses applications, "est bien supérieur, et qu'il représente ce dont l'industrie a besoin pour favoriser la compétitivité et abaisser les coûts". Et d'ajouter sans fioriture:"ODF est l'exemple d'un vrai format ouvert contre une spécification d'un éditeur qui documente des produits propriétaires en XML". Depuis une semaine, la bataille autour des deux formats bureautiques était montée d'un cran. Hasard du calendrier, mardi, l'ISO a enfin déclaré officiellement ODF en tant que standard, lui appliquant désormais l'étiquette ISO / IEC 26300:2006. Vendredi dernier, Corel, fidèle supporter d'ODF, annonçait que WordPerfect, son application bureautique, serait finalement douée du double-support, ODF et Open XML. Même son de cloche chez Novell, qui dans une ultime clause de l'accord qui le lie avec l'éditeur de Redmond, annonce développer un traducteur Open XML dans sa version d'OpenOffice. En route vers l'ISO La normalisation Ecma ne représente toutefois qu'une étape, certes importante, dans le processus d'adoption vers les entreprises. Car aux yeux des décideurs, la norme ISO compte davantage. "Les institutions publiques préfèrent les standards certifiés ISO", fait remarquer Jean Paoli, responsable des architectures XML chez Microsoft, et président du comité TC45, à nos confrères d'IDG News Service. Et Bernard Ourghanlian, directeur technique de Microsoft France, d'ajouter : "il est également important que la norme soit agréée par tous". Ce que la norme ISO, dont le vote d'approbation final est réalisé par les instances nationales -tel que l'Afnor pour la France- doit amener. Reste ainsi à passer cette prochaine étape, pas nécessairement acquise par avance. L'Ecma entend accélérer le processus de soumission auprès des instances nationales, en charge de statuer à l'ISO. Si sous 30 jours aucune objection n'est formulée, Open XML sera envoyé au Subcommittee 34 qui disposera de cinq à six mois pour examiner les commentaires des instances, avant d'être expédié au Joint Technical Committee 1, pour le vote final.