Pour Massimo Pezzini, analyste vice-président de Gartner, la proposition d'achat d'Oracle faite à BEA relève plus de la stratégie commerciale que de l'intérêt technologique. « Je crois, nous a-t-il expliqué, qu'Oracle veut prévenir un éventuel rachat de BEA par quelqu'un d'autre (HP ? Fujitsu ?) qui deviendrait alors un remarquable concurrent. » Car BEA propose peu ou prou la même offre middleware, et présente même quelques avantages par rapport au portfolio d'Oracle. Ainsi, dit-il, « WebLogic est nettement supérieur au serveur d'applications d'Oracle, il est déjà conforme JEE 5, a une base installée bien plus conséquente et bénéficie d'un large support de la part des éditeurs de logiciels. D'autres produits resteraient parce qu'ils sont meilleurs ou n'ont pas vraiment d'équivalent, comme la machine virtuelle Jrockit, probablement l'offre de BPM et celle de gestion des métadonnées (issue de Flashline). » Dans le même temps, Oracle réaliserait une belle opération en termes de revenus récurrents : « Oracle se paie ainsi un chiffre d'affaires régulier lié à la maintenance, et une base installée importante, tant d'un point de vue géographique que sectoriel : BEA a de gros clients dans les télécoms, la finance, le secteur public... » La nouvelle, conclut-il, n'est pas très bonne pour les clients, qui devront s'attendre, si la transaction a lieu, à « une rationalisation massive » et une intégration des lignes de produits qui pourrait prendre « des mois, peut-être des années ». Ceux qui devraient en profiter sont les acteurs plus petits du secteur. Pour Massimo Pezzini, ces acteurs ont une carte à jouer, du fait de la dépendance accrue des clients à quelques gros fournisseurs. « Des acteurs comme JBoss, Tibco, Software AG ou Progress devraient en profiter », pense l'analyste de Gartner.