Cette année, la plus grande conférence mondiale consacrée à l’ERP dans le cloud s’était déplacée de l’autre côté de la Serra Nevada pour s’installer à Las Vegas. Essentiellement, la SuiteWorld 2017, plus exactement la conférence Oracle+NetSuite SuiteWorld, avait pour but de présenter la nouvelle stratégie cloud de l’éditeur après l'acquisition de NetSuite pour 9,7 milliards de dollars (8,9 milliards d’euros) en novembre de l'année dernière. Dès l’ouverture de la conférence, et en l’absence remarquée du CEO de NetSuite, Zach Nelson, le vice-président exécutif de NetSuite, Jim McGeever, a parlé du rachat par Oracle. « Désormais, à l'intérieur d'Oracle, NetSuite est une entité commerciale d’envergure mondiale », a-t-il déclaré. « Cela signifie que les ventes, les services, le support et le développement se trouvent réunis dans la même entité d'affaires. Les responsables de ces activités dépendent directement d’Evan Goldberg et de moi-même, et nous rapportons au CEO d'Oracle, Mark Hurd. Très important aussi : pour la majorité de nos clients, cette intégration ne donnera lieu à presque aucun changement ».

Lui succédant sur la scène du Sands Expo and Convention Center, le CEO d’Oracle Mark Hurd est venu présenter les projets envisagés pour NetSuite et son rôle dans le positionnement d'Oracle dans le cloud. « 70 à 80 % de notre activité a commencé à se déplacer du secteur traditionnel vers le cloud », a-t-il déclaré. « Aujourd’hui, Oracle affiche la plus forte croissance dans le cloud de l’industrie ». L’éditeur se donne une dizaine d’années pour achever cette mutation. Il s’appuiera pour cela sur une suite SaaS qui répond aux normes existantes, elle-même intégrée à une plate-forme extensible fonctionnant aussi bien sur site que dans le cloud. « NetSuite va permettre à l'entreprise de définir une nouvelle norme pour le plus grand bénéfice de ses clients », a-t-il déclaré. « Nous pouvons offrir à ce marché une suite ERP évolutive sans équivalent, et ce, sans renoncer à son puissant écosystème partenaire. Notre stratégie est de faire profiter NetSuite de toutes les capacités d'Oracle, sans faire peser sur elle les lourdeurs bureaucratiques », a-t-il ajouté. « Tout repose sur le changement d’échelle. Mon ambition en tant que CEO d’Oracle est de faire en sorte que NetSuite bénéficie du maximum d’avantages », a encore déclaré Mark Hurd.

Faire travailler ensemble des produits distincts

Le CEO d’Oracle s'est engagé à investir plus d'argent en Recherche & Développement et à étendre l'expansion mondiale. Cette opération aura lieu en deux temps : d’abord, l’éditeur prévoit d’investir immédiatement au Benelux, dans les pays nordiques, en Amérique du Sud, en Allemagne, au Japon et en Asie du Sud-Est. Ensuite, Oracle développera des marchés comme la Chine, l'Inde, le Brésil, la France et les Émirats arabes unis. Au fur et à mesure de cette expansion, les ressources d'Oracle seront intégrées au produit de NetSuite. L’éditeur stimulera également la croissance dans trois domaines : le datacenter, les bureaux hors siège et les centres de développement. Selon Mark Hurd, l’objectif d’Oracle est en quelque sorte « d’incuber NetSuite ».

« Pour nous globaliser nous devons avancer plus vite », a encore expliqué le CEO d’Oracle. « Cela signifie que nous devons tirer parti de nos datacenters, utiliser notre distribution comme un levier, nous appuyer sur tout ce qui peut accélérer cette croissance. Je ne compte pas dire aux dirigeants de NetSuite ce qu'ils doivent faire, mais je les encouragerai à profiter de tous nos atouts technologiques, afin de mettre sur le marché des solutions aussi intégrées que possible ».

SAP en ligne de mire

Afin de rassurer, Mark Hurd a également tenu à souligner que NetSuite poursuivrait son activité et continuerait à croître pour elle-même. Autrement dit, qu’elle ne serait pas avalée par le géant Oracle ! Il a promis certaines libertés dans la direction future de l'entreprise, afin d’adopter des politiques qui ne nuisent pas à l'innovation. « Nos deux produits évolueront côte à côte », a-t-il promis. « Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que je crois que le meilleur de NetSuite est à venir ».

Concernant le futur immédiat, le CEO d’Oracle a évoqué l'ERP rival SAP, critiquant au passage l'investissement décidé par le géant du logiciel allemand dans la suite ERM d’entreprise S/4 HANA. « Ils ont choisi de réécrire une base de données sans réécrire le cœur applicatif. Je pense que c’est une énorme erreur », a-t-il déclaré. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider NetSuite à gagner des parts de marché sur notre rival. Nous pensons simplement qu'ils n’ont pas choisi la bonne stratégie », a déclaré le vice-président exécutif de NetSuite, Jim McGeever. Ajoutant : « Ils parient sur une stratégie de base de données. Alors que nous parions sur le cloud ».

L’avenir de NetSuite

Jim McGeever est revenu sur scène pour donner d’autres détails sur l’avenir de NetSuite. Rapidement, l’entité d'affaires aura accès à 13 nouveaux pays, et elle doublera sa capacité en datacenters, avec notamment un quatrième centre à Chicago et un cinquième en Allemagne. Plus d’autres sont prévus en Asie. Elle pourra également utiliser immédiatement quatre centres de développement d’Oracle et d’autres suivront un peu plus tard. Pour ses projets, NetSuite pourra s’appuyer sur l'expertise et l'infrastructure d'Oracle, mais aussi sur ses développeurs, de leur implantation locale et de leurs relations avec les partenaires. « En 2018, nous recruterons plus de personnes que l’entreprise n’en comptait en 2012 », a déclaré Jim McGeever. « Nous visons une croissance rapide ».

NetSuite restera ciblée sur les PME, mais elle proposera aux clients de passer à Oracle. Mais, si nécessaire, elle pourra proposer un mélange des deux solutions. NetSuite a également annoncé l’ajout de deux nouveaux produits à son portefeuille : SuitePeople, un système de ressources humaines intégré et flexible, et SuiteSuccess, un programme industriel unifié qui doit permettre aux entreprises de migrer vers le cloud en 100 jours ou moins. Jim McGeever a baptisé ce processus « l'escalier vers le ciel, par opposition à certains de nos concurrents qui vous ont placé sur l'autoroute de l'enfer ».