"Choisir entre la peste et le choléra". Telle est, selon Didier Pasquini, délégué CFE-CGC, l'alternative laissée par la direction française de HP à ses salariés. Jeudi 3 novembre, au terme d'une réunion marquant la reprise des négociations - mises entre parenthèses depuis le 23 septembre - la direction a indiqué aux organisations syndicales, comme elle l'avait déjà signalé au mois d'octobre, que le nombre de postes supprimés pourrait diminuer si les représentants du personnel acceptaient de revenir sur l'accord de réduction du temps de travail. "On nous laisse donc le choix entre la dégradation des conditions de travail de ceux qui resteront et le départ de 1 240 collègues" résume Didier Pasquini. Le "désavantage compétitif" lié aux 35 heures, stigmatisé par le PDG Patrick Starck, est donc de nouveau au c?ur des discussions. La direction de la filiale hexagonale propose à ses salariés de renoncer à un certain nombre de jours de congés pour sauver plusieurs dizaines de postes. "Avec 12 jours de RTT en moins, ce seraient ainsi 250 emplois sauvegardés", explique Didier Pasquini. Le nombre de postes concernés descendrait alors juste en dessous du seuil symbolique du millier. "On peut même se demander si, en tirant un trait sur 60 jours de repos, on permettrait à tout le monde de rester" ironise le syndicaliste. Dans leur ensemble, les syndicats vilipendent la proposition faite par la direction. Pour Didier Pasquini "cette approche très dogmatique est malhonnête ; ce n'est pas une méthode digne de HP, c'est du chantage. D'autant plus que la productivité des salariés français est excellente : dans la partie commerciale, chaque salarié réalise un chiffre d'affaires de 1,3 ME par an. C'est 15 % de plus que chez Dell. Ce ne sont donc pas les 35 heures qui limitent le CA. En outre, affirmer que les salariés français travaillent 35 heures par semaine est mensonger. La plupart sont des cadres, payés au forfait-jour sur une base de 206 jours par an. Ce qui correspond, sur 52 semaines, 51,3 heures de travail hebdomadaire". Si la réduction du temps de travail est un sujet sur lequel le désaccord est total entre direction et syndicats, certaines avancées ont néanmoins été réalisées. C'est ainsi le cas de la création d'un groupe de travail sur l'investissement en France et le développement de nouvelles activités. La direction a accepté la mise en place d'une telle organisation qui devrait être présidée par Bernard Meric, ancien PDG de HP Europe. "C'est un vrai point positif. Bernard Meric connaît très bien la société et la corporation en général. On voudrait également que ce groupe soit complété par des experts économiques et des intervenants extérieurs. L'accord de la direction nous satisfait car notre entreprise montrait une fâcheuse tendance à se replier sur elle-même depuis trois ans" se félicite Didier Pasquini. Il nuance toutefois rapidement et se garde de tout enthousiasme : "ce boulot, c'est celui que HP n'a pas su, ou voulu, faire depuis trois ans. Notre groupe n'a pas été capable de vendre la filiale française et de ramener de nouvelles activités dans l'Hexagone. On espère néanmoins que l'on pourra contribuer à l'implantation de nouveaux pôles et partant de nouveaux emplois. Dans l'idéal, ces emplois crées devraient permettre de diminuer le nombre de postes supprimés". Les syndicats ont jusqu'au 9 novembre pour apporter une réponse aux propositions de la direction. "C'est un calendrier très serré, voire irréaliste qui nous est imposé" déplore le représentant CFE-CGC. "Nous voudrions attendre les premières conclusions du groupe de travail - elles devraient arriver fin février - mais la direction tient absolument à démarrer la procédure légale à la mi-janvier".