« Le RIE est similaire à un réseau d'opérateur et son coeur est construit de la même façon » a souligné Hélène Brisset, chef du SCN RIE. Il utilise le multiplexage optique pour maximiser l'emploi des près de 12 000 kilomètres de fibres (dont 200 distincts de Renater). Jacques Marzin a observé : « nous utilisons pour le RIE en partie les mêmes fibres que Renater mais les fréquences employées -la couleur des flux- sont différentes. Le déploiement du RIE n'impacte donc pas les capacités de Renater et nous sommes en mesure de multiplier par dix la capacité du RIE sans effort financier sensible. » La bande passante était auparavant de l'ordre de 1 à 8 Mbps pour être dès aujourd'hui de 10 à 500 Mbps selon les sites.

Si le RIE remplace une quinzaine de réseaux ministériels antérieurs, il n'en demeure pas moins que la sécurité et la confidentialité des échanges demeurent des priorités absolues. Chaque type de flux doit bien sûr être distinct des autres. Le recours au multiplexage et la création de VPN permet d'atteindre ces objectifs. Cependant, les responsables du RIE s'attendent à des difficultés supplémentaires lors du prochain raccordement des sites de la Gendarmerie Nationale où le cryptage de bout en bout ralentira sans doute, au démarrage, le rythme des déploiements. Même dans ses adversaires, le RIE est similaire à un réseau d'opérateur. Ainsi, Hélène Brisset a plaisanté : « les grands ennemis du RIE restent les pelleteuses et les rongeurs. Mais, grâce à la redondance, une coupure de la fibre entre Paris et Lille n'a pas impliqué de rupture de service. »

La mutualisation n'est pas un dogme

Jacques Marzin a relevé : « le ministère de l'intérieur était le seul à disposer de son propre réseau physique, tous les autres passant par des opérateurs. » Le RIE utilise pour sa part ses propres dorsales et quelques raccordements en fibre optique en propre mais, au niveau local, s'appuie sur des raccordements souvent sous-traités auprès d'opérateurs via des appels d'offres spécifiques. Une quinzaine de marchés publics ont été remportés par huit fournisseurs : AFD Technologies, Bull, Completel, Orange Business Services, Niji, SFR Business Team, Thales et Zayo. La sécurité a été, quant à elle, conçue et mise en oeuvre en partenariat avec l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information).

Et les dorsales ont été choisies pour desservir au mieux les datacenters destinés à être eux-mêmes mutualisés entre administrations. Les routeurs très haut débits ont été ainsi installés dans une douzaine de datacenters répartis sur l'ensemble du territoire. Les coûts sont répercutés budgétairement au pro-rata de la consommation des infrastructures. De même, la mutualisation n'a pas été élevée au rang de dogme. « Parfois, la mutualisation a été abandonnée sur tel ou tel petit site car elle aurait nécessité des travaux, éventuellement de génie civil, au coût sans commune mesure avec les économies escomptées » a confirmé Jacques Marzin.

Tenir compte des difficultés du terrain

L'une des difficultés du déploiement du RIE pendant que les administrations s'optimisent de leur côté est que les sites peuvent être eux-mêmes regroupés ou déménagés à tout moment. De ce fait, les raccordements au RIE doivent suivre...
Les informations émanant du terrain sont donc essentielles car, très souvent, ce sont les agents de proximité qui remontent les informations sur les projets de regroupements ou de déménagements. Le SCN peut alors prendre les mesures adéquates et se rapprocher des décideurs appropriés. Le fait que le personnel du SCN soit lui-même issu de tous les grands ministères permet de bien intégrer les contraintes et les cultures de chaque administration. Hélène Brisset, pour sa part, provient du Ministère de la Défense.

Parmi les grands programmes bénéficiant du RIE, il y a Chorus. L'hébergement de la gestion de l'exécution budgétaire de l'Etat a été ré-internalisé sur deux datacenters du Ministère des Finances reliés au RIE pour être accessible à moindre coût par toutes les administrations centrales et déconcentrées. Cette ré-internalisation, a précisé l'AIFE (Agence pour l'informatique financière de l'Etat), était prévue de longue date et n'a pas de lien avec l'incident de juin 2013.