l’exemple d’un grand nombre d’entreprises, RTE (Réseau de transport d'électricité) s'est vu confronté au défi de la transition énergétique et doit désormais se préparer à l’émergence de nouveaux usages. Afin de s’adapter et tendre vers des solutions automatisées, le gestionnaire de réseau public s’est associé à LF Energy, un projet vertical de la Fondation Linux dédié au secteur énergétique, et Savoir-faire Linux, pour profiter d'une expertise sur l’embarqué. RTE et LF Energy travaillent ensemble depuis quelques années sur la développement du smart grid en open source (plateforme d'exploitation, modélisation du réseau à base de HPC). « Les équipements physiques actuels complexifient l’évolution de notre mission et l’agilité avec laquelle nous agissons » précise Lucian Balea, directeur du programme de R&D et responsable des logiciels open source chez RTE, et impliqué dans l’initiative LF Energy qui était présent sur le salon IoT-M2M cette semaine.
Dans ce contexte, RTE et Savoir-faire Linux ont lancé conjointement la plateforme de virtualisation Seapath (Software Enabled Automation Platform and Artifacts (THErein)). L’objectif est de développer en temps réel une solution de « conception de référence » et « de qualité industrielle » qui peut exécuter des applications virtualisées d'automatisation et de protection. Cette plateforme est destinée à héberger des applications multifournisseurs. Lancée en 2020, elle est devenue une plateforme de référence et de niveau industriel. « On veut éviter de se retrouver à devoir avoir des solutions spécifiques à chaque vendeur et donc quand on a un système d'automatisme dans un poste électrique, il faut éviter d'avoir 3 plateformes différentes parce qu'il y a 3 fournisseurs de solutions » détaille Lucian Balea. « On commence par spécifier les besoins et la plateforme que l’on souhaite construire avec l’idée d’intégrer un maximum de composants existants ».
Se baser sur l’existant, ne pas réinventer
Eloi Bail, directeur des opérations Savoir-faire Linux, a accompagné RTE dans la création de cette plateforme. Plusieurs solutions existaient déjà bien sûr mais elles ne couvrent qu’une partie des besoins de RTE. De fait, le projet vise à combiner les meilleurs logiciels avec le moins de développement spécifique possible. « C'est vraiment une volonté de se baser sur l'état de l'art pour combiner plusieurs technologies pour en faire un projet. La démarche open source est primordiale ici », précise Eloi Bail. « L'effort est mis sur les tests pour s'assurer que tous les éléments, matériels et logiciels, répondent aux besoins d'un système critique ». Construite à partir du projet Yocto – programme open source collaboratif de la Fondation Linux - la plateforme de virtualisation se veut complète et sécurisée. « On a des contraintes majeures de cybersécurité, on doit vraiment être en en capacité de pouvoir corriger des failles de sécurité assez rapidement ».
Le but du projet Seapath est également « de pouvoir se déployer sur différentes plateformes, de pouvoir l'adapter pour différents pays, pour différentes infrastructures » ajoute Lucian Balea. Le projet Yocto, utilisé dans de nombreux projets Linux embarqués est en effet décrit par ce responsable comme une référence mondiale.
Un changement difficile, mais des économies à la clé
Eloi Bail et Lucian Balea ont, à travers ce projet, travaillé sur une autre problématique. « On veut passer de l’achat d’équipements à l’achat de logiciels, il y a des transformations de modèle économique et tout l’enjeu était de lancer une création crédible et rassembler les compétences pour montrer d’abord la faisabilité technique, puis construire une solution avec des exigences industrielles ». Des collaborations ouvertes avec Savoir-faire Linux, ou le gestionnaire de réseau de distribution hollandais Alliander qui investit aussi sur le sujet, permettent d’accélérer l’acceptation de ce changement. À titre d'ordre de grandeur, Lucian Balea estime que « la flexibilité dans les automatismes peut rapporter à RTE 7 milliards d'euros sur les 15 prochaines années en termes d'économie et d'investissements ».
Commentaire