Les DSI ont un rôle important à jouer pour aider les entreprises à signaler et à réduire les émissions de gaz à effet de serre - et cela va bien au-delà du passage au cloud économe en énergie ou de l'extinction des PC de bureau la nuit. C'est le message qui ressort des derniers événements organisés à l'intention des clients par les fournisseurs de logiciels et de services informatiques, notamment SAP, Salesforce et Google. Ce dernier a fait du développement durable un thème majeur de son événement Google Cloud Next 21 (du 12 au 14 octobre). On s’attend à ce que de plus en plus d'entreprises - une demande faite par leurs clients et, dans certains cas, les pouvoirs publics - rendent compte de leurs émissions de gaz à effet de serre, généralement en suivant des méthodes de mesure standard.

« Compte tenu des exigences croissantes en matière de rapports RSE [environnementaux, sociaux et de gouvernance], les entreprises cherchent des moyens de montrer à leurs employés, à leurs conseils d'administration et à leurs clients les progrès réalisés par rapport aux objectifs climatiques », admet Jenn Bennett, directrice technique chargée de la stratégie en matière de données et de technologie pour le développement durable au sein du bureau du directeur technique de Google.

Élargir le champ d'application

Les entreprises contrôlent directement certaines émissions de gaz à effet de serre : il s'agit des émissions dites « scope 1 » provenant de sources possédées ou contrôlées, telles que le fuel utilisé pour chauffer les bureaux ou alimenter les véhicules de l'entreprise. Les organisations suivent ces données dans leurs systèmes ERP depuis une décennie ou plus. Les émissions du scope 2, provenant de l'achat d'électricité, de chaleur et de vapeur, sont relativement faciles à calculer, car les énergéticiens déclarent généralement leurs émissions moyennes par kilowattheure (kWh) produit. Ces émissions peuvent même figurer comme une ligne sur la facture d'électricité de votre bureau ou centre de données.

Pour beaucoup, le défi consiste à étendre les capacités de déclaration pour englober les émissions du scope 3 - tout le reste, y compris les biens et services achetés, les produits vendus, le transport et la distribution, l'élimination des déchets, les déplacements des employés et les voyages d'affaires (une idée évoquée en France mais rapidement écartée). Peu d'entreprises ont relevé le défi de communiquer des données complètes sur les émissions. Pour ce faire, il faut obtenir beaucoup de données auprès des fournisseurs et être capable de les relier aux biens et services achetés. La disponibilité d'outils logiciels spécialisés dans le reporting sur le développement durable, ou de modules dans les systèmes ERP, qui peuvent faire exactement cela, rendre compte précisément des émissions est une proposition plus réaliste, et si le « pourquoi » du reporting peut encore être déterminé par le conseil d'administration ou un comité de gouvernance, le « comment » et le « quand » sont des questions auxquelles le DSI doit répondre.

La déclaration des émissions brutes présente des avantages nets

Alors que Microsoft met à la disposition de ses clients depuis peu son tableau de bord « Emissions Impact Dashboard », de son côté Google ajoute un rapport d'empreinte carbone à la console de gestion de sa Cloud Platform ce qui permet aux clients de surveiller leurs émissions brutes de carbone par projet, produit ou région, explique Jenn Bennett de Google. Elle offre également aux clients des outils pour les aider à déplacer les charges de travail vers des régions dotées de centres de données à faible émission de carbone, un critère de localisation qui pourrait devenir aussi important que la conformité aux lois sur la protection des données. En déclarant ses émissions brutes de carbone dans la console, Google fait preuve d'une grande transparence et souligne l'importance des données fines et en temps réel pour garantir que les déclarations d'émissions soient efficaces.

Google est neutre en carbone depuis 2007, ce qui signifie que ses datacenters consomment toujours de l'électricité émettrice de carbone, mais que la firme achète des compensations carbone. Depuis 2017, elle est « 100 % renouvelable », c'est-à-dire qu'elle achète suffisamment d'énergie renouvelable pour correspondre à sa consommation annuelle d'électricité. Toutefois, si le soleil ne brillait pas et que le vent ne soufflait pas au moment et à l'endroit où elle avait besoin d'énergie, l'électricité qu'elle a réellement utilisée peut provenir de centrales électriques au charbon. C'est pourquoi, selon Jenn Bennett, Google s'efforce de décarboniser entièrement ses opérations cloud, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, d'ici à 2030, en s'approvisionnant en énergie propre pour chaque site et chaque heure de fonctionnement.

Grâce à sa console cloud, Google fournit à ses clients les données de niveau dont ils ont besoin pour y parvenir, et leur permet d'importer plus facilement ces informations dans leurs propres systèmes de reporting. « Pour aider nos clients à comptabiliser les émissions au-delà de notre cloud et dans l'ensemble de leur organisation, nous avons également établi un partenariat avec Salesforce Sustainability Cloud, en intégrant nos données d'émissions Google Cloud dans leur plateforme de comptabilisation du carbone », précise-t-elle. Google a une autre nouvelle concernant le développement durable : l'ouverture de sa plateforme de données satellitaires Google Earth Engine aux utilisateurs de GCP, leur permettant d'utiliser ses outils d'IA et BigQuery pour analyser l'imagerie satellitaire en conjonction avec d'autres sources de données telles que la disponibilité de l'eau ou les risques météorologiques.

D’autres logiciels de rapports sur le développement durable

Salesforce a annoncé son action en faveur du développement durable un mois plus tôt, lors de Dreamforce 2021, en déclarant qu'elle utilisait elle aussi de l'électricité « 100 % renouvelable » (en moyenne sur l'année) et qu'elle avait atteint un niveau d'émissions nettes nulles sur l'ensemble de sa chaîne de valeur (y compris le champ d'application 3). L’entreprise y est parvenue grâce à son propre logiciel Sustainability Cloud, qui a permis de réduire le temps nécessaire à l'établissement des rapports annuels de six mois à six semaines, selon l'entreprise. À l'occasion de l'événement, Salesforce a dévoilé la deuxième version de son programme en y ajoutant de nouveaux outils basés sur Slack pour la collecte de données sur les émissions scope 3 auprès des fournisseurs, des outils supplémentaires de prévision et de planification de scénarios pour gérer les effets du changement climatique sur les entreprises, et en annonçant son intention de créer une bourse en ligne pour les crédits carbone.

SAP se positionne comme un point de convergence pour la collecte et le traitement des données sur les émissions de gaz à effet de serre. En s'appuyant sur des outils tels que son réseau d'approvisionnement Ariba, il peut faciliter l'échange d'informations sur le coût en carbone, ainsi que sur le coût en dollars, des biens et des services, et les systèmes ERP utilisés par ses clients contiennent déjà une grande partie des informations sur ce qu'ils dépensent, avec qui et quand, nécessaires pour calculer les émissions de gaz à effet de serre. L'année dernière, SAP a annoncé Product Carbon Footprint Analytics, qui permet de mieux comprendre l'impact de produits spécifiques. En septembre 2021, Product Footprint Management a été lancé pour offrir des outils de gestion supplémentaires et une intégration aux process.