La start-up toulousaine Sigfox a le vent en poupe. Après être parvenue à lever 100 millions d’euros l’année dernière et en disposant désormais d’une infrastructure Internet des objets (IoT) présente sur les 5 continents avec plusieurs milliers d’antennes déployées à ce jour, la société aborde 2016 avec le plein d’annonces. Parmi celles-ci, un test grandeur nature est actuellement mené en Antarctique où les conditions climatiques sont particulièrement rudes, avec des températures pouvant descendre à -80 degrés et où les tempêtes de neige font partie du (sublime) décor. La société annonce aussi la naissance de la fondation Sigfox.

La base Princesse Elisabeth Antartica - unique en Antarctique - fonctionne en totale indépendance énergétique grâce au solaire et à l’éolien. Elle est isolée à plus de 150 km de toute côte. Un endroit idéal donc, qui sert en quelque sorte de « laboratoire » pour tester la technologie sans-fil basse fréquence/consommation de Sigfox.

La technologie réseau IoT de la start-up - qui, rappelons-le repose sur une bande basse fréquence à faible puissance (pas plus de 25 milliwatts) couplée à un temps d'émission d'1% - est ainsi utilisée par les membres de la base Princesse Elisabeth Antartica à des fins de balisage d’hommes, de matériels ou encore de déplacements des glaciers. Côté infrastructure, deux antennes Sigfox ont été déployées associées à 45 trackers fournis par la société belge Sensolus.

Une technologie réseau IoT exploitable jusqu’à plus de 50 km

« Chaque année, il faut choisir un chemin pour le ravitaillement de la station. Avec un balisage de ce type, nous avons les coordonnées du meilleur chemin à prendre, mais cela nous permet également de marquer les crevasses dangereuses », a indiqué Rachid Touzani, directeur du secrétariat polaire belge.

Mais les trackers ne permettent pas seulement de suivre en temps réel des équipements matériels ou une personne afin d'intervenir et de la récupérer très vite en cas de problème ou de tempête de neige. « Outre la localisation, le tracker connecté est également utilisé pour des usages bien précis pour prévenir de changements de températures (à la hausse ou à la baisse), d'ouverture ou de fermeture de porte ou encore de chocs physiques », a fait savoir Kristoff Van Rattinghe, CEO et fondateur de Sensolus.

Sensolus

Le suivi de positionnement envoyé par les trackers Sensolus via l'antenne Sigfox en Antarctique. (crédit : Dominique Filippone)

« Contrairement à une technologie radar dont la portée ne dépasse pas 300 mètres, le signal de la technologie basse fréquence de Sigfox peut être exploité jusqu'à l'horizon géographique, soit plus de 50 km », a quant à lui précisé Christophe Fourtet, co-fondateur de Sigfox. A noter toutefois que, contrairement à une technologie de signalement GPS par triangulation permettant une précision entre 5 et 10 m, celle de Sigfox ne peut pas être inférieure à 20 m.

Concernant le choix technologique Sigfox-Sensolus, trois raisons principales ont été mises en avant : basse consommation permettant aux trackers d'assurer une autonomie de 3 ans (en usage intensif) avec seulement 3 batteries AA, la facilité d'emploi (aucune configuration WiFi, SIM...), mais également une capacité à fonctionner dans un climat hostile.

La liste des mécènes et les montants investis restent à déterminer

Parallèlement à l'annonce de l'expérimentation de Sigfox en Antarctique, la société en a profité pour lever le rideau sur sa fondation. « L'objectif de la fondation Sigfox est d'adresser des causes où le réseau apporte une partie de la solution à un problème et où l'on est sûr qu'il s'avère le plus adapté et que le coût ne soit pas un frein », a expliqué Ludovic Le Moan. La création de la fondation est une initiative indépendante de Sigfox qui a vocation à attirer de futurs mécènes. « Nous avons réfléchi à une technologie écologique, à faible consommation, permettant dans le même temps d'atteindre des performances en termes d'usage », explique Christophe Fourtet.

La fondation compte ainsi répondre à plusieurs problématiques dans les domaines de l'environnement, de la santé ou encore du lien social. Hormis Sensolus qui a co-investi dans la fondation en apportant des technologies et du matériel, les donateurs et mécènes ne sont à l'heure actuelle pas connus tout comme le budget de départ de la fondation.

Des capteurs connectés dans les cornes de rhinocéros

« La fondation fonctionnera par projet, elle n'est pas là pour récupérer de l'argent », martèle Ludovic Le Moan. La palette des différents projets soutenus apparait vaste, allant des gilets de sauvetage connectés aux bracelets pour enfants épileptiques ou personnes âgées, ou encore la protection des animaux dont les rhinocéros (un capteur connecté est placé dans la corne de l'animal afin de détecter son niveau de stress en mesurant sa fréquence cardiaque pouvant être associée à une prise en chasse des braconniers, débouchant sur une intervention de gardes-forestiers). « La fondation va permettre d'adresser toutes ces causes en mettant les objets connectés à la portée de tous, en particulier des personnes qui n'ont pas les moyens de mettre jusqu'à 300 euros dans un bracelet pour surveiller une personne dépendante », explique Ludovic Le Moan.