Le projet était pourtant en bonne voie. Début mars, Bruno Le Maire, le ministre français de l'Economie et des Finances avait annoncé qu'une directive européenne serait dévoilée pour taxer les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et toutes les entreprises dont le chiffre d'affaires mondial dépasse les 750 millions d'euros non plus sur leurs bénéfices mais sur leurs revenus dans chaque pays où ils sont présents. Cependant, la réunion des ministres des Finances européens, samedi dernier, à Sofia en Bulgarie, semble mettre un puissant coup de frein à cette perspective. 

Car si les pays où la fiscalité est avantageuse, Malte, l'Irlande et le Luxembourg, sont évidemment contre ce projet, d'autres pays se sont rangés dans ces rangs, estimant que cette taxe nuirait à la compétitivité de l'Europe ainsi qu'aux relations avec les Etats-Unis. La Suède, le Danemark et la Finlande en sont, mais la grosse surprise a été le ralliement du Royaume-Uni à la cause des anti-taxation. Le ministre français est le premier surpris de ce changement de braquet britannique. Intervenant le dernier au cours du tour de table, Bruno Le Maire a exprimé une « colère froide » selon une source européenne. « Si vous voulez allez jusqu'aux élections européennes l'an prochain avec le message nous avons beaucoup parlé, beaucoup débattu, mais pris aucune décision, bonne chance ! », s'emporte-t-il à la fin de son temps de parole. 

« Les Américains ne respecteront que les démonstrations de force » 

Même l'Allemagne, représentée par Olaf Scholz, s'est montrée prudente sur le sujet, ne faisant que noter l'importance du traitement de « la question morale » de la taxation des GAFA. Bercy s'inquiète de plus en plus d'un possible recul de l'Allemagne sur ce projet.  Les pays qui s'opposent à cette taxation demandent plutôt d'engager des discussions pour trouve un consensus mondial sur ce sujet. Ce à quoi le ministre des Finances français a répondu que « les Américains ne respecteront que les démonstrations de force ». Et de demander à ses homologues de ne pas être dupes : « Qui, dans cette pièce, croit réellement que les Etats-Unis – qui ont diminué leurs propres impôts - vont donner leur accord pour une taxe mondiale des géants de l'internet ? »