Pour la quatrième fois consécutive, Frontier conserve sa première place au classement du TOP500 et reste toujours la seule machine exascale de la liste des supercalculateurs les plus puissants au monde. Le dernier venu Aurora fait une entrée fracassante à la deuxième place du classement et devrait dépasser Frontier quand le développement du système sera complètement achevé. Installé à l’Oak Ridge National Laboratory (ORNL) dans le Tennessee, Frontier a obtenu la première place avec un score HPL de 1,194 quintillion d'opérations en virgule flottante par seconde (flops), soit le même score qu'au début de l'année.

Un quintillion correspond à à un exaflops (EFLOPS). La mesure de vitesse utilisée pour évaluer les ordinateurs est le benchmark HPL (High Performance Linpack), qui mesure la capacité des systèmes à résoudre un système dense d'équations linéaires. Basé sur la dernière architecture HPE Cray EX235a, le système Frontier utilise des processeurs AMD EPYC 64C à 2 GHz et dispose d'un total de 8 699 904 cœurs de CPU et de GPU combinés. Frontier affiche également une efficacité énergétique de 52,59 GFlops/watt et s'appuie sur le réseau Slingshot 11 de HPE pour le transfert de données.

Une moitié d’Aurora évaluée et Eagle chipe la 3ème place

Le système Aurora arrive en seconde position et détrône Fugaku. Installé à l'Argonne Leadership Computing Facility, dans l’Illinois, Aurora affiche un score HPL de 585,34 petaflops. Construit par Intel, Aurora est basé sur HPE Cray en intégrant 21 248 CPU Intel Xeon Max Series (HBM) et 63 744 GPU Max Series (Xe-HPC) répartis dans 10 624 lames contenues dans 166 racks. La communication se dréoule par l'intermédiaire de l'interconnexion de réseau Slingshot 11 de HPE. Le Top500 précise que les résultats d'Aurora ont été soumis avec une mesure de la moitié des systèmes finaux prévus, ce qui signifie que, lorsqu'il sera terminé, il pourrait dépasser et évincer Frontier de la première place avec une performance de pointe de 2 exaflops.

Un nouvel entrant appelé Eagle vient aussi perturber le classement, car il atterrit à la troisième place. Eagle est installé dans le cloud Microsoft Azure aux États-Unis et a obtenu un score HPL de 561,2 pflops. Il est basé sur des puces Intel Xeon Platinum 8480C et des accélérateurs Nvidia H100. Situé à Kobe, au Japon, le supercalculateur Fugaku se maintient dans les 10 premiers, mais il recule à la quatrième place. Au début de l'année, Fugaku s'était classé à la seconde place et il avait même occupé la première place de juin 2020 à novembre 2021. Avec un score HPL de 442,01 PFLOPS, Fugaku continue de détenir le titre de système le mieux classé en dehors des États-Unis. Le système LUMI, précédemment dans le top 3, occupe désormais la cinquième place avec un score HPL de 379,70 pflops en progression par rapport au score HPL de 309,10 pflops lors de la dernière édition. Ce système, le plus grand d'Europe, a fait l'objet de nombreuses améliorations, ce qui lui permet de rester en tête de liste.

Les Etats-Unis gardent une avance sur la Chine

Ce classement du TOP500 met également en évidence quelques tendances. Par exemple, d'après cette liste des 10 premiers, les puces Intel, AMD et IBM semblent être le choix préféré pour les systèmes HPC. « Sur les 10 premiers, cinq systèmes utilisent des processeurs Intel Xeon (Aurora, Eagle, Leonardo, MareNostrum 5 ACC et EOS Nvidia DGX SuperPod), deux systèmes utilisent des puces AMD (Frontier et LUMI) et deux systèmes utilisent des processeurs IBM (Summit et Sierra) », peut-on lire dans un communiqué.

Ce classement montre aussi que la Chine et les États-Unis ont obtenu le plus grand nombre d'entrées sur l'ensemble de la liste. Les américains ont augmenté leur avance, passant de 150 machines sur la liste précédente à 161 en novembre, et la Chine est passée de 134 à 104 sur la liste actuelle. À plus grande échelle, l'Amérique du Nord est passée de 160 à 171 machines, l'Asie marque un recul, passant de 192 à 169 machines et l'Europe est passée de 133 à 143 systèmes. À noter aussi que les machines Sunway TaihuLight, Perlmutter, Selene et Tianhe-2A (Milky Way-2A) sont sorties de la liste depuis l'édition précédente.