Une industrie centralisée en Ile-de-France


Les éditeurs qui entrent en bout de classement sont franciliens, pointe Bernard-Louis Roques en rappelant par ailleurs que les petits éditeurs croissent plus vite que les gros. « Si notion de cluster il y a, elle tend à démontrer que le cluster français est viable au niveau international ». Pourtant, Londres a dépassé l'Ile-de-France dans cette course. Les gros éditeurs croissent faiblement alors que d'autres en Europe sont beaucoup plus agressifs. « Au niveau européen, il y a en Allemagne un software cluster, le seul à être reconnu comme tel, ayant vocation à aider l'industrie locale du software », souligne Bernard-Louis Roques. « Il est soutenu par des fonds publics et privés : 80 millions d'euros de financement public auxquels s'ajoutent des financements privés avec des initiatives venant de SAP et de Software AG. Dans la région de Londres, il y a également les initiatives annoncées, en particulier la création d'une Silicon Valley. En France, il y a les pôles de compétitivité. Chacun veut avoir son pôle, mais seule l'Ile-de-France peut se battre au niveau international. »

Rachat par des Américains : accalmie temporaire


Cette année, la consolidation s'est stabilisée dans le haut du classement. Les rachats d'éditeurs français par des groupes étrangers ont été moins importants. Au total, le poids des rachats a pesé 45 M€ contre 55 M€ en 2009 et 371 M€ en 2008. Le numéro 19 du classement, EmailVision, a tout de même été racheté par le fonds américain Fransisco Partners. Mais Exalead, en revanche, a rejoint le Français Dassault Systèmes, ce qui a consolidé le Truffle 100. Il y a eu par ailleurs onze acquisitions. « Cette année d'accalmie, c'est très positif pour les éditeurs mais ce n'est pas une tendance, considère Bernard-Louis Roques. Cela peut reprendre car les éditeurs américains sont riches, ils ont beaucoup de cash. »

La part du progiciel métier reste prépondérante dans ce Top 100, mais les solutions technologiques prennent plus de place. « Le SaaS est encore embryonnaire en France, estime le co-fondateur de Truffle Capital qui voit en revanche, « en tant que venture capitalist, un « deal flow » [flux de dossiers présentés aux investisseurs] absolument phénoménal sur le mobile. Toutes les sociétés qui sont sous le radar évoluent dans la mobilité, les médias sociaux et sont des pure players SaaS. Il y a toute une vague qui progresse. Nous constatons une très forte différence entre cette année et l'an dernier, un nombre de projets beaucoup plus importants », confirme-t-il.