La RPA monte en puissance. Sous cet acronyme signifiant Robotic Process Automation se cache l’automatisation des processus opérationnels dans les entreprises. Sa particularité : recourir à des logiciels robots paramétrables à l’aide de règles pour répliquer l’activité d’un utilisateur. Ses secteurs privilégiés : la banque, la finance et l’assurance qui ont été les premiers à la mettre en œuvre, mais l’industrie, la distribution ou les télécommunications suivent. Sur le marché de la RPA, l’éditeur de logiciels UiPath vient de réaliser une levée record de 153 M$ dans un tour de table de série B mené par Accel Partners. Désormais valorisée 1,1 Md$, il devient la première licorne de Roumanie.

Cette entreprise, dont le siège social est aujourd’hui installé à New York, a été en fait fondée en Roumanie, à Bucarest, par son CEO Daniel Dines et son CTO Marius Tirca. Ce n’est pas vraiment une start-up car son parcours a commencé il y a plus de 12 ans, en octobre 2005. UiPath s’appuie sur une technologie de vision informatisée (computer vision) pour reconnaître des éléments affichés à l’écran et recréer automatiquement certaines des actions qui s’affichent et sont normalement pilotées par l’utilisateur. Sa solution de départ permettait d’automatiser des scénarios difficiles associés à Citrix (pour la connexion à des applications distantes). Dix ans plus tard, 120 000 utilisateurs dans le monde s’appuient sur sa plateforme RPA pour automatiser des tâches répétitives auparavant exécutées manuellement, ce qui représente des millions d’heures de productivité, selon UiPath.

Passé de 100 à 700 clients en un an

« Cela nous a pris presque une décennie pour développer cette technologie », explique l’éditeur dans un communiqué. Les robots logiciels de sa plateforme « interprètent, déclenchent des réponses et communiquent avec d’autres systèmes, soit avec une supervision humaine, soit automatiquement en arrière-plan », explique UiPath. Sa solution peut être fournie comme un service cloud ou installée sur site. Dans l’assurance ou la banque, elle peut s’appliquer, par exemple, au traitement des réclamations, aux rapports financiers ou aux activations de cartes de crédit. La RPA couvre aussi la consolidation des données ou, encore, l’administration des ressources humaines parfois externalisée par les entreprises.

Il y a seulement un an, la base installée d'UiPath ne comptait encore qu’une centaine d’entreprises contre 700 actuellement. Son chiffre d’affaires a été multiplié par 8 entre 2016 et 2017. En dehors de son implantation américaine et en Roumanie, la société possède des bureaux en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Asie (Inde, Japon, Hong-Kong et Singapour). La filiale française, ouverte récemment, a déjà recruté près de 20 personnes et prévoit de compter 50 employés d’ici la fin de cette année.

La vision informatisée pilotée par l'apprentissage machine

Pour le DG d'UiPath France, Eric Adrian, la RPA est en train « de remodeler l’avenir du travail ». L’automatisation des processus d’entreprise robotisés a notamment un impact sur les services d’externalisation (BPO, business process outsourcing), ainsi que nous l’expliquait il y a un an Lyonel Roüast, président SEMEA du cabinet de conseil ISG. Plutôt que de recruter, les fournisseurs de services de BPO, notamment en Inde, « développent des simulations de fonctions chez les clients au lieu d’employer des intervenants à bas coûts qui saisissent les données », nous a-t-il exposé. « Pour éviter l’écriture d’interfaces, les sous-traitants recourent à des gestionnaires de règles qui vont permettre de prendre les données structurées et de les réinjecter dans une autre application ».

Le tour de table de 153 M$ tout juste réalisé par UiPath (qui succède à une levée de série A de 30 M$ effectuée il y a un an) va lui permettre d’accélérer sa feuille de route produits, explique l’éditeur fondé à Bucarest. Les technologies de computer vision sur lesquelles repose sa plateforme sont maintenant pilotées par l’apprentissage machine. UiPath prévoit également d’étendre sa collaboration avec des solutions d’intelligence artificielle pour créer de nouveaux cas d’usage dans le domaine des applications numériques. La société va également investir largement dans son expansion internationale et son support produit. Elle compte déjà 200 partenaires dont des groupes fortement impliqués dans la fournitures de services et l’externalisation IT comme Cognizant, Deloitte, KPMG, PwC et TCS.

Parmi ses concurrents figurent des éditeurs comme Automation Anywhere, Blue Prism ou Thoughtonomy, placés en 2017 parmi les leaders du marché par le cabinet Everest Group. On trouve aussi sur ce marché Nice, Kofax Kapow, Redwood, WorkFusion, Kryon Systems et Softomotive.