C'est dans le Research Triangle Park situé en Caroline du Nord, qu'IBM a choisi de construire son dernier datacenter pour un budget global de 350 millions de dollars. De la taille d'un terrain de football - environ 20.000 m2 - il utilise les dernières avancées que Big Blue a réalisé en matière de réduction de la consommation électrique : ici, son datacenter mise sur l'air extérieur pour être refroidi, au fur et à mesure que la température intérieure augmente. Pour cela, ce centre, qui supportera des plates-formes de type Cloud, a été équipé de milliers de capteurs qui surveillent de façon dynamique la température, l'humidité, la circulation de l'air et des circuits, tous intégrés dans le système de gestion informatique du bâtiment. «Nous avons créé ici un datacenter parmi les mieux équipés, doté d'une quantité d'interconnections et de fonctions intelligentes parmi les plus sophistiquées, jamais réalisées dans nos précédents centres », a déclaré Joe Dzaluk, vice-président d'IBM, responsable de la gestion des infrastructures et des ressources auprès de la division Global Technology Services. S'il estime que le centre consommera environ 6 mégawatts lors de sa mise en service, Joe Dzaluk précise qu'il a été conçu pour occuper jusqu'à 30.000 M2 et consommera alors 15 mégawatts. Un datacenter à 27°, refroidi par la température extérieure Pour réduire sa consommation d'énergie, IBM a adopté les dernières recommandations environnementales de l'American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers, qui autorise pour ces centres de calcul une température intérieure de 27 degrés C°, contre 25 degrés dans l'ancienne recommandation, du fait notamment des améliorations apportées dans la conception des installations. La température maximale implique aussi un certain degré d'humidité. IBM indique avoir fixé la température de départ à 24 degrés et laquelle sera progressivement augmenté, en raison de la présence d'équipements non-IBM au sein du datacenter. Le centre utilisera l'air extérieur pour refroidir les radiateurs et l'eau utilisée pour le refroidissement. IBM estime pouvoir profiter, pendant plus de six mois par an, du niveau des températures extérieures pour son système de refroidissement. Joe Dzaluk affirme que dès les premières mesures, on pourra constater que ce centre est parmi les plus performants au monde et s'attend un ratio d'efficacité énergétique de 1,2 à 1,3. Facebook, qui a récemment annoncé la création d'un nouveau data center à Prineville, Oregon, a estimé son PUE (Power Usage Effectiveness) à 1,15. Une norme d'efficacité énergétique en avril Mais ce PUE, qui représente une moyenne de la puissance totale utilisée dans une installation, depuis les systèmes de refroidissement, l'éclairage, l'alimentation des équipements, jusqu'à la charge associée à tous les matériels informatiques, les serveurs et les unités de stockage, n'est pas parfait. Pour David Cappuccio, chercheur, spécialiste des infrastructures chez Gartner, « le PUE ne nous dit pas si une entreprise utilise ses équipements de manière efficace. » L'agence de protection de l'environnement américaine cherche une méthode pour permettre aux gestionnaires de datacenters de comparer leur efficacité énergétique aux normes de l'industrie. L'agence a donc recueilli les données de plus d'une centaine d'entreprises afin d'élaborer un étalon de mesure significatif - elle pense pouvoir en mettre un au point d'ici avril - à l'instar de son label «Energy Star», qui pourrait prendre la PUE comme base ou quelque chose de similaire pour évaluer l'efficacité énergétique des datacenters. Pour David Cappuccio la norme préparée par l'agence environnementale va accroître la pression sur les gestionnaires de datacenters, car ils seront amenés à expliquer comment ils se situent par rapport à cette recommandation du gouvernement fédéral. « Cela va aussi stimuler le business de la construction de datacenters, » a t-il déclaré. Les grands éditeurs, comme IBM, Hewlett-Packard et plus récemment Dell, depuis qu'elle a acquis Perot System, se sont employés à ajouter dans leurs produits des éléments répondant aux besoins de leurs clients. David Cappuccio fait remarquer que le consulting en matière de datacenters pourrait également devenir un bon vecteur d'activité pour ces entreprises. «Si IBM, contactée par un client pour construire un centre de calcul, donne satisfaction, il y a de fortes chances pour que celui-ci veuille utiliser les services d'IBM pour ses autres besoins ».