La version 4.5 de Xen, l'hyperviseur de Citrix désormais supervisé par la Fondation Linux, arrive avec plusieurs améliorations, et notamment un meilleur support des processeurs ARM pour élargir les scénarios d'usage de la plate-forme. Et pour mettre fin aux régulières critiques, une attention particulière a été portée sur les performances.

Si la précédente version de Xen, la 4.4, supportait déjà les processeurs ARM 64 bits, la 4.5 accepte jusqu'à 1 To de mémoire vive avec ces puces. La Fondation a également retravaillé la gestion des interruptions pour accélérer les opérations, et assuré le support des Bios UEFI sur ARM. Xen 4.5 prend également en charge les derniers SoC ARM, tels que l'Opteron A1100 d'AMD.

Mais un des principaux bénéfices de Xen 4.5 reste l'amélioration des performances. Le mode de paravirtualisation PVH, expérimental dans Xen 4.4, prend toute sa mesure avec cette dernière mouture de l'hyperviseur. Il a été conçu pour simplifier la manière dont Xen gère la virtualisation et mieux exploiter les ressources matérielles, aussi bien au niveau dom0 (Domain0) qu'avec les instances virtuelles. Dans Xen 4.5, dom0 peut utiliser le mode PVH de sorte que beaucoup d'opérations peuvent être directement exécutées sur le matériel et ce sans compromettre la sécurité selon les responsables du développement de Xen. Le PCI passthrough est ainsi géré différemment afin de diminuer la latence lorsque des VM communiquent avec le matériel hôte.

Meilleure gestion de la granularité des VM

Un autre ensemble de modifications vise à faciliter l'utilisation de Xen dans les systèmes automobiles embarqués. Lars Kurth, président du conseil consultatif du projet Xen, a noté que ces changements bénéficient également à des usages plus conventionnels. Par exemple, RTDS, le planificateur temps réel ajouté à Xen 4.5 et conçu à l'origine pour une utilisation embarquée, peut permettre aux fournisseurs de services cloud computing de mieux piloter la granularité de la performance. « Vous avez tout d'un coup la capacité de rationner le nombre de cycles CPU d'une VM, en fonction du tarif appliqué à un client dans le cloud », a indiqué M. Kurth.

Une grande partie des critiques formulées contre Xen tournait autour de sa performance et de sa complexité interne. Brendan Gregg, ingénieur en charge de la performance chez Joyent, avait cartographié les différences architecturales entre Xen et KVM, dans le but de retenir la meilleure solution. Il a écarté Xen en faveur de KVM là où la virtualisation matérielle était nécessaire.

Favoriser le déploiement de Xen sur les plates-formes cloud

L'étroite intégration de KVM avec le noyau Linux en fait, pour certains, le meilleur choix, mais l'équipe Xen défend la conception découplée de son hyperviseur. Stefano Stabellini, un ingénieur logiciel principal chez Citrix qui dirige l'équipe du projet Open Source Xen, estime que le couplage étroit entre KVM et Linux est un net désavantage. « L'architecture du projet Xen est très flexible et nous permet de réutiliser les pilotes de périphériques à partir de Linux », a-t-il expliqué dans un courriel à nos confrères d'IDG. « Dans le même temps, notre architecture nous permet d'apporter des améliorations spécifiques à l'hyperviseur dans d'autres domaines clés, comme le planificateur. Il est beaucoup plus difficile d'écrire un ordonnanceur temps réel VM-compatible, comme RTDS pour KVM, car KVM peut utiliser l'ordonnanceur Linux existant ».

Par conséquent, bon nombre des changements dans Xen 4.5, tels que ceux de PVH, tendent à simplifier et à rendre plus performant Xen. Cela dit, la reconnaissance de ces efforts viendra du marché, avec des déploiements Xen sur les plates-formes cloud des Amazon et autres fournisseurs qui exploiteront l'hyperviseur afin de la proposer à leurs clients.