L’alternative open source dans cette approche de cloud hybride et multicloud prend également une place importante auprès des entreprises. Par exemple, Scania, le constructeur de camions ou encore Docapost, la branche numérique du groupe La Poste, utilisent Canonical Juju, un opérateur capable d’orchestrer des services (déploiement, configuration, gestion et mise à l’échelle d’applications) sur n'importe quel cloud, voire même sur des serveurs bare metal (directement sur des serveurs physiques non préinstallés), sur du kubernetes ou des VM. Pour Reg Deraed, directeur des ventes grands comptes pour l’Europe du sud, Juju se concentre sur la notion de service, il abstrait la notion de machine ou de serveur et définit les relations entre les services qui se configurent automatiquement en fonction des liens créés.

« Les entreprises viennent nous voir car elles veulent rapatrier des workloads qui étaient dans le cloud public dans leur cloud privé, l’inverse est vrai aussi », indique de son côté Thibaut Rouffineau, VP Marketing monde chez Canonical. Pour argumenter les propos de Thibaut Rouffineau, reprenons l’exemple de Scania qui exploite Juju, principalement pour des raisons économiques, dans le cadre d’un environnement HPC (High Performance Computing) dont les ressources sont managées par Slurm (un ordonnanceur des tâches). En effet, le constructeur peut ainsi en cas de pics d’activité (toutes les machines sont au maximum de leurs ressources) déborder sur les clouds publics Azure et AWS via du MaaS (Metal as a service) pour provisionner les infrastructures physiques ; Slurm, quant à lui, est déployé dans ces deux clouds publics par Juju. Docapost, pour sa part, a fait le choix d’un rapatriement, via Juju, de l'ensemble de ses workloads qui étaient dans un cloud public vers un cloud privé OpenStack entièrement opéré par Canonical. En outre, Juju se veut aussi actif dans l’edge computing, le mini cloud comme le mentionne Thibaut Rouffineau en prenant l’exemple du secteur du retail : « Si les retailers souhaitent être compétitifs face à Amazon, ils doivent traiter la technologie directement dans le magasin de la même manière que dans le cloud et avoir un déploiement identique entre les sites. 

Red Hat en pointe sur l’ouverture et la modernisation des environnements clouds

De son côté, la stratégie de cloud hybride chez Red Hat repose sur trois piliers dont l’objectif est d’apporter une couche d’intermédiation entre l’infrastructure et la partie applicative afin de réduire le lock-in (enfermement propriétaire) et donc l’indépendance à un acteur. Et le sous-jacent de cette approche repose sur Linux et Kubernetes (Red Hat, deuxième contributeur à Kubernetes derrière Google) qui est le fer de lance de la plateforme OpenShift comme le rappelle Yacine Kheddache, Specialist Solution Architect Manager chez Red Hat. La plateforme OpenShift constitue d’ailleurs le premier pilier de la stratégie de l’éditeur, une plateforme accessible en on premise sous OpenStack, serveurs cloud dédiés bare metal,  dans les clouds publics Azure, Alibaba, AWS, etc., et plus récemment le support de la virtualisation (OpenShift virtualization) et du serverless. Le deuxième pilier concerne le management ou comment je gère le cycle de vie des clusters Kubernetes sous OpenShift, via la solution Advanced Cluster Management, mais aussi des clusters Kubernetes tiers. Enfin, la partie applicative, le dernier pilier, regroupe la communauté (lien vers  https://operatorhub.io/) et l’écosystème partenaires de Red Hat comme l’offre Cloudera certifiée sous OpenShift pour instancier à la demande. « La Banque Postale et Airbus ont par exemple choisi la plateforme Caas et Paas OpenShift car ils ont compris l’apport de la conteneurisation. Airbus décommissionne des applications VM pour de la conteneurisation », indique Yacine Kheddache. OpenShift devient même une plateforme XaaS (Everything as a service) ; à ce titre, Red Hat CodeReady Workspaces, qui dématérialise le poste de travail, tourne sous OpenShift, idem avec l’offre de gestion du stockage Ceph Storage.