Selon IDC qui a réalisé une enquête en 2019 intitulée « l’enjeu du multicloud », 50 % des dépenses des entreprises en solutions d’infrastructures s’orienteront majoritairement vers le cloud public en 2021 contre 35 % en 2019. Pour le cabinet d’études, 2021 sera même l’année du basculement vers le cloud public. Ce basculement ne signifie pas pour autant la fin du cloud privé, bien au contraire, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à construire un environnement hybride qui permet de mixer les solutions on premise et celles dans le cloud public en fonction de leurs activités, leurs usages et leurs exigences (réglementaires, criticité et sécurité des données, etc.).

Sur le terrain, le cloud hybride est déjà à un certain niveau de maturité dans les entreprises françaises. « Nos entreprises ne sont pas en retard, la crise sanitaire a d’ailleurs accéléré cette approche, nombreuses d’entre elles ont étendu leurs capacités vers des ressources dans le cloud public. Prenons l’exemple du Desktop as a service où l’entreprise va instancier assez rapidement des nouveaux postes depuis un cloud public pour répondre au télétravail », donne en exemple Bruno Picard, CTO de Nutanix France. Le directeur technique de Nutanix relève du reste deux autres cas d’usages dans cette stratégie de cloud hybride des entreprises. Le premier, la reprise après sinistre pour lequel le client a la capacité de redémarrer dans un cloud public en cas d’incident, et le deuxième concerne l’accès à des ressources d’intelligence artificielle (services de machine learning) pérennes dans le temps chez AWS ou Google par exemple.

Réussir l’intégration des clouds dans son SI

Pour Xavier Perret, directeur de l’entité Azure chez Microsoft, les entreprises sollicitent l’éditeur surtout pour améliorer les performances économiques de leur IT, cela se traduit par des nombreux projets de migration de SAP ou d’Oracle vers Azure. Cette réflexion autour du cloud hybride est aussi l’occasion de revoir son SI, de réaliser un audit de son patrimoine et de migrer peut-être une partie dans le cloud public. Hervé Oliny, directeur avant-vente et spécialiste des infrastructures hyperconvergées chez VMware France, est catégorique : « Le multicloud et le cloud hybride permettent aux entreprises d’avoir des solutions qu’elles n’auraient pas forcément les moyens de mettre en œuvre. »

En partant de  ces différents usages, le but du cloud hybride n’est donc pas de commander des ressources dans un cloud public pour les utiliser en parallèle de celles disponibles sur site. Dans un cloud hybride, les infrastructures sont complémentaires, de plus elles travaillent ensemble grâce à l’automatisation et à l’apéisation mises en œuvre par les fournisseurs, le tout piloté depuis une console centrale. Si c’est simple à dire sur une feuille de papier, en pratique c’est un peu plus compliqué. C’est d’ailleurs l’un des challenges relevés par l’étude d’IDC ; en effet,  55 % des entreprises françaises sondées estiment qu’elles doivent réussir cette intégration entre leur infrastructure on premise et le cloud public. Comme nous allons le découvrir dans ce dossier, même s’il n’existe pas de solution universelle, les principaux fournisseurs multiplient malgré tout leurs efforts pour améliorer cette interopérabilité entre les différents services privés et publics.