Au-delà des changements tarifaires opérés par Broadcom depuis le rachat - la taxe VMware comme lappellent les administrateurs - ce qui fait la force de VMware, cest toujours la maturité de son offre et son écosystème complet. L'éditeur de Palo Alto est considéré à juste titre comme la solution de virtualisation universelle, automatisée et fortement intégrée entre les différents éléments des infrastructures dans les datacenters, la version 9 de VMware Cloud Foundation (VCF), pour lheure en bêta, confirme dailleurs cette vision d'une offre packagée autour de ses nombreux composants pour déployer et gérer aussi facilement des clouds privés que publics. Selon nos différents interlocuteurs interrogés dans ce dossier, cette approche doutils très imbriqués explique aussi pourquoi certaines entreprises, notamment les grands groupes, rechignent à migrer à grande échelle vers des alternatives, au vu de l'ampleur de la tâche parfois à réaliser (voir partie 1). Pour les entreprises qui franchissent néanmoins le pas de la migration, de nombreuses alternatives soffrent à elles et lune des plus complètes en termes de fonctionnalités et de capacités, à en croire certains spécialistes du secteur, reste celle de Nutanix dont lhyperviseur AHV est porté dans sa solution hyperconvergée. Précisons que la firme de San José prend aussi en charge les hyperviseurs VMware ESXi et Microsoft Hyper-V. Lors de sa dernière conférence européenne .Next à Barcelone au printemps dernier, de nouvelles fonctionnalités sont venues enrichir AHV dont le support des serveurs Cisco UCS et la prise en charge du stockage externe avec Dell. De plus, l’éditeur propose également une forte intégration avec ses autres services, des outils comme Move pour simplifier la migration depuis VMware et une gestion unifiée des environnements multicloud hybrides.  

Tout comme loffre de Nutanix, Microsoft avec Hyper-V est également considérée comme une solution mature, elle se distingue surtout par son approche centrée vers les environnements Windows, son intégration vers loffre hyperconvergée Azure Stack HCI et le cloud Azure, sans oublier ses interfaces de gestion plutôt familières pour les entreprises. A noter que depuis la version Windows Serveur 2025, au lieu dallouer lintégralité du GPU à une seule machine virtuelle, il est possible de partager un GPU physique avec plusieurs machines virtuelles. Et en termes d’évolutivité, Hyper-V prend désormais en charge 2048 processeurs logiques par hôte et jusqu’à 4 Po de mémoire. De plus, Microsoft propose aussi des outils de migration comme Azure Migrate pour aller vers le cloud. 

Lopen source en force 

Face à ces deux grands éditeurs propriétaires, plusieurs alternatives en open source, de plus en plus médiatisées depuis le rachat de VMware, se sont démocratisées. Commençons par celle de Proxmox VE (actuellement en version 8.3), cette offre de virtualisation reposant sur la technologie KVM séduit surtout les entreprises de taille moyenne à intermédiaire qui recherchent de la flexibilité, de la stabilité, de lindépendance et des économies à réaliser (pour ne pas être confrontées à la volatilité des coûts des licences et du support). De plus, Proxmox VE bénéficie dune communauté très active. Ensuite, citons celle de lentreprise française Vates qui a lancée en 2018 son hyperviseur XCP-ng, un fork open source de XenCenter. Depuis, Vates commercialise une offre packagée (plateforme Xen Orchestra, hyperviseur XCP-ng, support et accompagnement associés) en se positionnant ainsi comme une alternative open source à VMware. Dernièrement, la pile de virtualisation de Vates a été validée pour Red Hat Enterprise Linux 9 et un partenariat stratégique a été conclu avec VyOS Netwoks (qui édite un système d'exploitation réseau open source) pour améliorer les capacités de mise en réseau dans Vates VMS (Virtualization Management Stack).  

De leurs côtés, Virtuozzo (avec Virtuozzo Hybrid Infrastructure) et Platform 9 (avec sa plateforme Private Cloud Director) proposent des alternatives clé en main basées sur un OpenStack simplifié (sans la complexité de mise en œuvre quinduit OpenStack en temps normal) et des outils pour faciliter la migration des VM depuis d'autres plateformes (incluant bien sûr VMware) comme vJailbreak pour Platform9. Citons également Red Hat avec OpenShift Virtualization qui promet d'exécuter des machines virtuelles parallèlement à des conteneurs depuis la même plateforme. Kubevirt, sponsorisé par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), constitue dailleurs la base open source d‘OpenShift Virtualization. En outre, l’éditeur a récemment annoncé Virtualization Engine exclusivement dédiée à ladministration de la virtualisation et qui garantit ainsi un déploiement à grande échelle des machines virtuelles. Moins connue, VergeIO se positionne comme une solution ultraconvergée (UCI) qui, contrairement à des offres HCI classiques, transforme la pile IT (calcul, stockage et réseau) en un système d'exploitation de centre de données intégré, baptisé VergeOS. Pour sa plateforme, VergeIO exploite une base d'hyperviseur KVM modifiée. 

KVM dans bien dautres alternatives 

De nombreuses autres plateformes autour de lhyperviseur KVM sont proposées comme celle de HPE VM Essentials (VME), une solution lancée en novembre 2024 et qui assure aux clients de provisionner et de gérer des VM basées sur les hôtes KVM et ESXi à partir dune interface unique. En effet, grâce à lacquisition de Morpheus Data, le fournisseur peut commercialiser son logiciel VM Essentials, intégré à sa plateforme Private Cloud, mais également le proposer en tant que logiciel autonome. Autre avantage, VM Essentials est fortement intégré avec les équipements matériels HPE. Toujours autour de lhyperviseur KVM, Huawei a récemment profité du dernier événement MWC à Barcelone pour mettre en lumière son hyperviseur eSphere dans son offre globale baptisée DCS (Data Center Solution), lensemble étant orchestré par eDME, un outil de gestion full-stack qui facilite ladministration des ressources. Quant à Scale Computing, le fournisseur, par la voix de son PDG Jeff Ready, défend toujours ardemment son offre hyperconvergée et de virtualisation tout-en-un avec SC//Platform (hyperviseur SC//Hypercore intégré et basé sur KVM) en mettant en avant la simplicité et la rentabilité grâce entre autres à son approche tout intégrée aux systèmes existants (sauvegarde, sécurité, etc.). Enfin, Citrix (désormais Cloud Software Group) fait toujours évoluer son offre. Dailleurs la version 8.2 de Citrix Hypervisor arrivant en fin de vie le 25 juin prochain, Citrix propose ainsi une mise à niveau vers XenServer 8.4 (Citrix revenant à la dénomination originelle) pour garantir, selon le fournisseur, une transition en douceur et une assistance continue. 

Une migration vers le cloud public 

Changer dhyperviseur est bien sûr une alternative mais certaines entreprises sinscrivent dans une stratégie de modernisation axée sur le cloud public et privilégient les solutions natives des grands fournisseurs de cloud public (AWS, Azure, Google, OVH Cloud, etc.) quitte, là aussi, à en payer le prix et à refondre leurs processus IT. « Paradoxalement, nous avions constaté il y a quelques années que 70 à 80 % des entreprises souhaitaient rapatrier leurs charges cloud en interne. Aujourdhui, ces mêmes entreprises nont plus le même discours depuis le rachat de VMware, elles estiment que les solutions des hyperscalers représentent aussi une alternative dautant que ces grands acteurs proposent en parallèle un large portfolio de services, de fonctions et doutils additionnels », constate Daniel Garcia, head of advisory practice IT strategy & transformation chez Kyndryl. Il existe toutefois un chemin de transition vers le cloud public moins disruptif, cest dassocier, selon leur criticité, des solutions sur site et dans le cloud public, bref davoir cette approche hybride. En clair, les applications anciennes sans évolution possible resteront sur site (on-premise) et des applicatifs avancés, qui nécessitent plus dagilité, auront tendance à être déportés dans le cloud public.