Contrairement à l’automatisation, le DevOps ne se résume pas à une technologie ni à un outil ni à une méthode, c’est une approche qui se sert d’outillage et de pratiques pour faciliter la collaboration entre les équipes de développement (les Dev) et les équipes de production (les Ops pour opérationnels) afin d’assurer un delivery constant. Cette collaboration est parfois indispensable dans le déploiement d’un outil d’automatisation car mal maîtrisé ou mal implémenté, ce dernier ne servira à rien. « C’est possible de faire de l’automatisation sans culture DevOps, mais l’impact peut être nul si les équipes ne se parlent pas, les outils ne seront pas correctement exploités et rentabilisés. Au final, les gains sur le time to market seront invisibles. N’oublions pas que la culture DevOps prône de se concentrer sur l’utilisateur et d’avoir une cohésion fonctionnelle », tranche Clément Rochas, consultant DevOps chez Purple Wise. Le rôle de l’humain est donc primordial et c’est là que le bât blesse. A en croire nos interlocuteurs, changer les habitudes des collaborateurs est compliqué. Le groupe CMA-CGM (voir le témoignage client ci-dessous) en a fait, en partie, les frais. Dans une interview vidéo, Julien Rey, ingénieur DevOps au sein du groupe CMA-CGM, a effectivement admis que les opérationnels, malgré le déploiement d’une plateforme d’automatisation en interne, continuaient à réaliser des tâches manuellement, ce qui pose quelques soucis d’incohérence.

Pour contrer ces habitudes, le géant du transport maritime a dû relever le challenge de l’uniformisation des méthodes entre les équipes de développement et des opérationnels. Et cela se fait surtout en travaillant très en amont sur la communication entre les équipes. « Aujourd’hui, le DevOps est une composante importante dans le sens où il faut des pratiques organisationnelles. Quant à l’automatisation, c’est un outillage clé pour la mise en pratique du DevOps. Cet outillage doit être compréhensible par tous grâce à un socle commun, c’est ce que nous essayons de faire chez Red Hat avec Ansible et Ansible Tower. Quand un développeur écrit dans un fichier, son collaborateur de la production doit le voir instantanément. Ansible est certes un outil d’automatisation, mais il est partageable entre toutes les équipes. En cela, il participe à cette approche de DevOps où nous faisons travailler les équipes, les unes avec les autres », explique Hervé Lemaître, Business Strategist and CTO de Red Hat France.

Repenser l'organisation 

Chez IBM, l’automatisation est également indissociable à la pratique DevOps : « Il faut travailler en amont sur le DevOps pour déployer un outil d’automatisation globale, la première étape consistant à localiser les bénéfices là où ils sont perceptibles pour améliorer le processus de bout en bout, c’est, à ce titre, un processus sans fin. Bien sûr, pour que la culture DevOps soit implantée à l’échelle, il faut revoir l’organisation », admet Erwan Maréchal, responsable du segment management & plateformes et architecte Cloud et DevOps chez IBM. Sur ce sujet, l’avis de Yann Guernion, directeur marketing produit chez CA Automic, est aussi assez tranché : « L’un des piliers principaux du DevOps, c’est l’automatisation, il est difficile de faire du DevOps sans automatiser. Le DevOps est synonyme d’accélération, c’est une façon de travailler qui s’apparente à un travail à la chaîne d’où une très forte collaboration des équipes (du développement jusqu’à la production) ».

Ces différents témoignages montrent bien l’importance de mettre en place cette approche DevOps, mais ce déploiement est d’autant plus délicat que les ressources DevOps restent rares. « Il y a une forte demande de compétences DevOps sur une compréhension fine qui n’est pas comblée à l’heure actuelle », souligne Erwan Maréchal. En effet, peu d’ingénieurs s’orientent encore vers cette voie à la sortie de leur école, le profil DevOps est un candidat aux multiples facettes qui doit maîtriser le développement, avoir une bonne connaissance des plateformes du marché sans oublier l’indispensable, à savoir d’excellentes facultés à communiquer, à travailler en équipe et à mener un projet dans sa globalité. Preuve en est de cette pénurie, le site de référence pour les développeurs Stack Overflow, qui a mené une étude sur les développeurs en 2017, indique que le spécialiste DevOps est l’un des métiers les mieux payés, environ 50 000 € par an.