Selon TCO Development, l'organisation délivrant la certification de durabilité TCO Certified, un nombre record de produits, 122 au total, ont été certifiés en mars dernier. Parmi les produits les plus représentés dans cette hausse figurent les moniteurs, les PC portables, les ordinateurs de bureau et les casques audio. Au total, près de 4000 produits bénéficient désormais du label TCO Certified. Ce chiffre montre bien la prise de conscience générale du secteur IT sur l’importance d’avoir des produits plus durables. C’est d’autant plus important que les équipements IT, notamment dans leur phase de fabrication, contribuent de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, de l’ordre de 70 % pour les postes de travail, indique Sébastien Verger, Sales Development Manager & CTO chez Dell France. À en croire nos interlocuteurs, ce virage de la durabilité est engagé de manière pérenne, la preuve en est : de plus en plus d’entreprises, dans tous leurs appels d’offres, exigent désormais des critères de durabilité auprès de leurs fournisseurs. « Le marché btob le prend en compte ; nos clients, dans leurs appels d’offres, nous demandent si nos produits sont réparables. Est-ce qu’il faut des compétences particulières pour les réparer ?… », constatent Pierrick Claverie, ingénieur mécanique et Clément Souyris, ingénieur électronique chez Crosscall au sein du service R&D. De toute façon, pour les plus récalcitrants, la loi deviendra plus contraignante et imposera des obligations. Déjà, la loi Agec intègre un indice de réparabilité qui s’affiche sous la forme d’une note obligatoire pour les smartphones et les ordinateurs portables au moment de leur vente afin que le consommateur puisse apprécier la possibilité de réparation du produit qu’il achète. Rappelons que cette note sur 10 est à prendre avec des pincettes, car elle est déterminée par le fabricant selon plusieurs critères, par exemple la démontabilité ou la disponibilité des pièces détachées. « Si cet indice est obligatoire que pour le grand public, les entreprises sont toujours plus nombreuses à le regarder. Chez Dell, nous l’indiquons d’ailleurs pour l’ensemble de nos gammes professionnelles », précise Sébastien Verger. Dès 2024, l’indice de réparabilité deviendra l’indice de durabilité avec l’ajout de critères comme la robustesse ou la fiabilité des produits. Tout comme la durabilité, la seconde main participe aussi à l’allongement du cycle de vie des équipements. Là aussi, les contraintes légales sont plus fortes ; par exemple dans la loi Agec, il est mentionné que 20 % des achats du secteur public soient des produits de seconde main (reconditionnés ou réemploi). Même les entreprises du secteur privé réclament aussi dans leurs appels d’offres des équipements reconditionnés à tel point qu’il est très difficile de répondre à toutes les demandes. Comme le mentionne Sébastien Verger, la solution passe par la multiplication d’accords industriels entre les fabricants et des acteurs locaux de reconditionnement et de recyclage.

Le concept Luna 2 n'utilise plus de vis pour rassembler les composants dans le chassi. (Crédit Dell)

Agir pendant qu’il est encore temps

Que ce soit par des réglementations plus strictes ou par la mise en œuvre d’une politique volontaire de sobriété numérique, il est, de toute façon, urgent d’agir. Selon les résultats d’une étude prospective sur l’empreinte environnementale du numérique en France à l’horizon 2030 et 2050 réalisée par l’Ademe et l’Arcep, si rien n’est fait à l’horizon 2030 pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel, le nombre d’équipements serait supérieur de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés. Résultat : une empreinte carbone du numérique en France qui grimpe de 45 % pour atteindre 25 Mt CO2eq, une consommation des ressources abiotiques (métaux et minéraux) qui augmente de + 14 % et une consommation électrique qui croît de 5 % (pour atteindre les 54 TWh par an). Et pour 2050, si rien n’est toujours fait, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler par rapport à 2020.