Alcatel-Lucent fait un pari important sur les opérateurs qui souhaitent virtualiser leurs réseaux mobiles en utilisant la technologie NFV (Network Functions Virtualization), laquelle apporte plus d'agilité et réduit la dépendance vis-à-vis des matériels propriétaires. La virtualisation a déjà modifié la façon dont les entreprises construisent et gèrent leurs infrastructures informatiques et les opérateurs mobiles voudraient faire la même chose sur les réseaux. Parmi les avantages mis en avant par les vendeurs qui ont entrepris de réarchitecturer ce type de produits, il y a la réduction des coûts et le déploiement rapide de nouveaux services. « Comme les entreprises, les opérateurs vont pouvoir déployer de nouvelles applications et de nouveaux services plus rapidement en utilisant des services hébergés, pour le plus grand bénéfice de leurs utilisateurs », a déclaré Alcatel-Lucent.

Le portefeuille NFV du fournisseur comporte trois éléments principaux : un vEPC (pour virtualized Evolved Packet Core), une plateforme vIMS (IP Multimedia Subsystem) et des produits de virtualisation RAN (Radio Access Network), comme l'a annoncé Alcatel-Lucent mercredi. Le vEPC automatise l'authentification et la gestion des abonnés et les services auxquels ils ont accès, tandis que le vIMS sert à exécuter les services IP, y compris avec la norme de téléphonie et de messagerie 4G/LTE de prochaine génération. Le portefeuille de produits RAN comprend un RNC 3G (Radio Network Controller) - qui gère les stations émettrices/réceptrices ainsi que les liaisons radio - et des POC (proof-of-concepts) pour les réseaux 4G/LTE et LTE-Advanced, a indiqué Alcatel-Lucent.

Un intérêt exprimé pour la technologie NFV

Le NFV sera l'une des grandes tendances du Mobile World Congress 2014 qui ouvre ses portes lundi à Barcelone. Lors de l'événement, China Mobile et Alcatel-Lucent prévoient de faire une démonstration de voix sur LTE (VoLTE) en utilisant le portefeuille NFV d'Alcatel-Lucent. Ce dernier s'appuie sur Enterprise Linux OpenStack Platform de Red Hat pour alimenter la plate-forme sous-jacente CloudBand. Celle-ci offre également des fonctions SDN (Software Defined Networking) intégrées provenant de Nuage Networks, une entreprise dans laquelle Alcatel-Lucent détient une participation majoritaire. Selon Phil Tilley, directeur marketing, Stratégie et Solutions Cloud chez Alcatel-Lucent, « le SDN ajoute la flexibilité nécessaire pour gérer les machines virtuelles de manière plus efficace ».

Le livre blanc rédigé en 2012 par les représentants de 13 opérateurs - dont Verizon, China Mobile et Deutsche Telekom - montre qu'ils semblent très intéressés par la technologie NFV. Pour leurs infrastructures réseaux, les opérateurs utilisent « un éventail toujours plus large de matériels propriétaires, et le lancement d'un nouveau service nécessite souvent l'ajout d'un nouveau matériel. Cela devient de plus en plus problématique en terme d'espace et d'alimentation en énergie », ont-ils écrit dans ce livre blanc. En outre, pour les opérateurs, le NFV apparaît très complémentaire du SDN (Software Defined Networking). Ce sont des technologies qui peuvent s'apporter des bénéfices mutuels sans être dépendantes l'une de l'autre : par exemple, « les fonctions réseaux peuvent être virtualisées et déployées sans SDN, et vice versa », indique encore le livre blanc.

« Les opérateurs pensent qu'il faut faire avancer cette technologie rapidement et poussent fortement les vendeurs à sortir des produits », a indiqué le directeur marketing, Stratégie et Solutions Cloud chez Alcatel-Lucent. « C'était un rappel à l'ordre salutaire et nous les avons suivis rapidement », a-t-il ajouté. Néanmoins, cela représente un grand changement pour les opérateurs, et il va leur falloir du temps avant qu'ils ne se lancent dans les réseaux NFV. « Nous pensons que les premiers réseaux de ce type seront fonctionnels à partir de 2015 », a déclaré Phil Tilley.