Au tour de Microsoft d'enregistrer un renfort. Dans le cadre de la procédure antitrust ouverte par la Commission européenne pour un éventuel abus de position dominante née de l'inclusion d'Internet Explorer dans Windows, Microsoft voyait se multiplier le nombre des éditeurs souhaitant épauler Bruxelles. Après Opera, auteur de la plainte initiale, Mozilla, Google, la Free Software Foundation et, plus récemment, le Comité européen pour les systèmes interopérables (Ecis) ont ainsi pris l'initiative de se ranger derrière l'exécutif européen contre Redmond. Mais avec le ralliement de l'Association for competitive technology (ACT), Microsoft est moins isolé face aux accusations d'abus de position dominante qui planent sur lui. L'ACT regroupe plusieurs PME du secteur technologique, aux côtés desquelles figurent également quelques grands noms comme Oracle ou Verisign. L'association compte parmi les fidèles soutiens de Microsoft : elle s'était déjà engagée en faveur de l'éditeur lors du précédent procès intenté par Bruxelles, qui avait abouti à la condamnation du géant de Redmond en 2004. Pour l'anecdote, notons qu'Oracle est à la fois membre de l'ACT et de l'Ecis, deux organisations défendant des positions diamétralement opposées dans le dossier en cours. ACT, le meilleur avocat de Microsoft « Il y a quelque chose de surréaliste dans le fondement même de cette affaire », exprime l'ACT dans un communiqué, arguant de ce qu'Internet Explorer « n'est même plus le navigateur numéro un en Europe ». Le groupement appuie cet argument sur une étude réalisée par StatCounter, selon laquelle Firefox 3 serait légèrement plus utilisé que IE7 par les internautes du vieux Continent. Cependant, ACT n'a fait qu'une lecture partielle des analyses de StatCounter : les chiffres montrent en réalité que l'ensemble des versions d'IE totalise une part de marché de 10 points supérieure à celle de Firefox 2 et 3 réunis. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, l'argument employé par l'ACT n'en resterait pas moins fallacieux aux yeux de Bruxelles : « La part de marché d'IE importe peu, corrige une source proche de la Commission européenne. Ce qui compte, c'est qu'IE soit mis en selle en étant couplé à Windows, car cela en fait le navigateur par défaut de 90% des PC. » ACT, qui endosse dans cette affaire les atours de l'avocat de Microsoft, s'emporte également contre les sanctions évoquées, notamment la livraison de Windows sans IE. Ce remède contribuerait, selon le défenseur de l'accusé, à « nuire aux développeurs qui travaillent sur la plateforme Microsoft. Le code sur lequel repose IE inclut des fonctions dont de nombreux développeurs tirent parti à travers diverses API. Si ce code est enlevé, ces développeurs seraient contraints de réécrire et tester à nouveau leurs applications. » Microsoft a jusqu'au 28 avril pour communiquer ses réponses aux accusations formulées contre lui par la Commission européenne.