« En cette saison de promesses, celle d'augmenter les moyens de la recherche publique semble bien acceptée ». Pour les responsables de FutuRIS (réflexion prospective sur la Recherche, l'Innovation et la Société, au sein de l'ANRT, association nationale de la recherche technique) qui entament ainsi leur « lettre ouverte aux candidats à la Présidence », l'amélioration de la situation de la recherche publique et privée en France passe par l'analyse d'une dizaine de propositions. De son côté, l'association nationale des docteurs es sciences (Andès), enfonce le clou de la remise en cause de la voie unique à l'accession à la responsabilité publique (via l'ENA) en proposant d'inscrire dans le débat pré-électoral sa contribution aux « questions liées à la formation et à la diversification des cadres de la haute fonction publique ». « Les dix commandements » soumis à la réflexion des états-majors politiques par le comité de prospective FutuRIS, piloté par Jacques Lesourne, vont des conditions du renforcement du pilotage stratégique par l'Etat, jusqu'à l'évaluation des résultats de la recherche, en passant par la concertation européenne, la gouvernance des universités, l'organisation modulée des activités des enseignants-chercheurs, l'orientation et l'insertion professionnelle des étudiants, l'utilisation de la commande publique pour le développement des sociétés innovantes, et la résorption de certains déséquilibres des dépenses (trop de chercheurs à certains endroits, pas assez ailleurs), faute de priorités clairement définies. Une des propositions de FutuRIS s'intéresse plus particulièrement au flux amont qui alimente les équipes de recherche, en proposant de développer plus avant la formation des cadres par la recherche, « en faisant en sorte que les programmes de master comportent (systématiquement) des stages recherche et que les doctorants soient traités et rémunérés comme de véritables salariés ». « La recherche est une excellente école de cadres, quels que soient les métiers ultérieurs. Encore faut-il qu'elle attire ces cadres, qu'ils l'aient un peu pratiquée, qu'ils ne l'estiment pas réservée à des savants, mal payés ». De même, aux yeux de l'Andès, la perspective d'une «école des services publics ouverte à des personnes riches d'expériences différentes » à laquelle il est fait allusion durant cette campagne renvoie à la réflexion engagée depuis deux ans avec la confédération des jeunes chercheurs et le collectif « Sauvons la recherche-Jeunes chercheurs » (SLC-JC) au sujet de la diversification des débouchés ouverts aux jeunes chercheurs. Et de proposer, notamment, une accession facilitée à l'ENA par des mesures appropriées au cas des chercheurs. « Habitués à travailler sur des problèmes complexes, à mobiliser des réseaux de collaborateurs par delà les frontières géographiques et disciplinaires, les professionnels de la recherche ont potentiellement les qualités nécessaires pour traiter des grands problèmes de nos sociétés ». Des qualités « indispensables », selon l'Andès, pour la modernisation de l'Etat. Sur le même sujet : Retrouvez notre dossier Présidentielles : le Web entre en campagne