Lors de la deuxième conférence annuelle sur le thème de l'intelligence économique, organisé à Paris par les Échos, deux entreprises françaises, Total et Doublet SA ont exposé leur manière d'appréhender l'intelligence économique et de se prémunir contre les menaces extérieures. Il est intéressant de voir combien ces deux sociétés ont des pratiques différentes, tout en partageant un objectif commun, se protéger.
Autrefois spécialisée dans la fabrication artisanale de drapeaux, Doublet SA s'est aujourd'hui reconvertie dans l'évènementiel. Luc Doublet, président de la société rappelle combien la technologie est une vecteur central de l'entreprise. Au sein de son entité, il a décidé d'adopter le principe de transparence. Il précise : « nous avons ouvert tous nos systèmes d'information, rien n'est caché ». Il ajoute que « pour trouver une information, il faut savoir où elle se trouve car elle est noyée dans la masse, sachant qu'il faut savoir l'interpréter. » Son objectif est avant tout de créer l'échange au sein de son entreprise, qui pour lui sont source d'innovation. « Chaque collaborateur a une vision sur l'entreprise. » En étant totalement transparent, « tout est tracé dans notre entreprise », précise Luc Doublet. Par ailleurs, cette politique leur permet d'être d'autant plus réactif. Le dirigeant donne à ce titre l'exemple d'une commande envoyée par un client un jeudi soir. Des personnes présentes dans les locaux ont intercepté le document et la commande a pu être livrée le vendredi soir comme convenu.

Culture du doute chez Total

De son côté, Jean-Michel Salvadori, directeur intelligence économique du groupe Total, annonce que « chez Total, la diffusion de l'information se fait plutôt sous format papier que par la voie électronique, et peu de destinataires sont généralement concernés. » Ainsi, contrairement à la société Doublet SA, le groupe est très prévoyant quant à la diffusion d'information en interne comme en externe. « Nous devons être en permanence dans une culture du doute », déclare Jean-Michel Salvadori. L'intelligence économique est prise en charge à deux niveaux, le service stratégie et le service Intelligence Economique. Il y a deux ans, une cellule spécialisée composée d'une dizaine de professionnels a été créée, et a pour mission de délivrer des analyses et des informations à leur clientèle interne que sont les directeurs métiers. Jean-Michel Salvadori précise que « l'objectif de l'intelligence économique est d'anticiper et de détecter les menaces, d'aider les directions métiers à faire des choix, et de contribuer à la création d'un avantage concurrentiel. » Il ajoute que ce service traite avec les ONG, les prestataires ainsi que les médias pour obtenir des informations et réaliser des analyses.
Photo : (De gauche à droite) Marc Willeme, responsable dispositif IES au sein du groupe EADS Defense & Communications Systems, Philippe Trouchaud, Associé de PricewaterhouseCoopers, Jean-Michel Salvadori, Directeur Intelligence Economique du Groupe Total, Luc Doublet, Président de Doublet SA et Michel Mollard, Membre du directoire d'Euler Hermes. Crédits DR