La France n'a guère progressé depuis deux ans dans le classement annuel du Forum économique mondial, établi avec l'école de commerce Insead, sur l'adoption des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le monde. 22e en 2005,23e en 2006, elle n'occupe que la 21e place, sur 127 pays, dans le GITR (Global Information Technology Report) 2007-2008 qui évalue plus précisément le niveau de préparation atteint par les pays pour exploiter efficacement les TIC.

Les auteurs du rapport indiquent néanmoins que la France bénéficie d'avancées technologiques et de moyens de connexion satisfaisants. De fait, une lecture détaillée fait apparaître une situation contrastée. Il s'y mêle d'évidents points forts, sur les services administratifs en ligne (sur ce critère, la France est 9e) et les capacités d'innovation (8e place), et des retards, notamment sur les priorités gouvernementales accordées aux TIC (43e place).

Eric Besson, nommé le 18 mars secrétaire d'Etat chargé du développement de l'économie numérique, devra donc s'atteler rapidement à la tâche.

Pays nordiques toujours en tête

Comme l'an dernier, le Danemark et la Suède montent sur les deux premières marches du podium. Depuis sept ans, les pays nordiques se maintiennent dans le Top 10, qui compte aussi la Finlande, l'Islande et la Norvège. L'étude souligne le niveau élevé de leur maturité technologique et les efforts constants de ces régions sur l'innovation et l'éducation. Irène Mia, du Forum économique mondial, co-auteur du rapport avec Soumitra Dutta, de l'Insead, pointe aussi dans ces économies « un marché et un environnement réglementaire propices aux affaires ».

Neuf pays européens (dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Autriche) figurent au Top 15 du GITR 2007-2008. La Suisse, 1ère pour son réseau téléphonique et la maturité d'achat de ses habitants, grimpe à la 3e place (5e en 2006). Les Etats-Unis, 4e, gagnent trois places. Singapour est 5e (-2) et la Corée du Sud, 9e, fait un bond de 10 places. L'Estonie, qui a redoublé d'efforts pour s'approprier les nouvelles technologies, se maintient en 20e position.

L'Afdel en appelle au nouveau secrétaire d'état

Pour l'Afdel (association française des éditeurs de logiciels), le rapport 2007-2008 du Forum économique mondial ne fait que confirmer ce qu'elle a mis en avant dans son Pacte France Numérique, adressé en février dernier aux candidats aux élections municipales. « La France est en retard, tant du point de vue des infrastructures et de l'équipement, que de la capacité à générer des champions, indique son président Patrick Bertrand. Alors que nos voisins nordiques ont su mettre en oeuvre le cercle IT vertueux : une éducation de haut niveau, une forte adoption individuelle des TIC, un écosystème propice aux sociétés high tech... »

Le président de l'Afdel ajoute que les éditeurs français attendent beaucoup de l'entrée du développement du numérique au gouvernement, « la lettre de mission reçue par le secrétaire d'état Eric Besson plaçant avec raison l'industrie du logiciel au coeur des préoccupations ».
Pour Patrick Bertrand, l'effet levier des TIC sur la croissance fonctionne au ralenti en France. « Nous allons démontrer que le logiciel peut relancer significativement la machine », promet-il.

70 variables sur le contexte, la maturité et les usages

Pour établir leur classement mondial, l'Insead et le Forum économique mondial ont retenu quelque 70 variables réparties en trois grandes catégories : le contexte (marché, environnement politique et réglementaire, état des infrastructures), la maturité technologique (des individus, des entreprises et du gouvernement) et les usages. Ces critères englobent, par exemple, la part de la haute technologie dans les exportations, la capacité à trouver des investisseurs, ou encore, le délai requis pour créer une entreprise. Sont également pris en compte la législation relative à l'utilisation des TIC, le nombre de brevets déposés par million d'habitants dans l'année, la qualité de l'enseignement supérieur ou le coût des communications mobiles.

Améliorer l'accès au capital risque

Bien placée sur l'e-administration, devant le Royaume-Uni et le Japon, la France double également les Etats-Unis et Israël sur les capacités d'innovation, où elle se place juste derrière la Corée. Elle grimpe à la 1ère place pour la qualité de ses écoles de gestion, à la 3e pour la qualité de ses sites gouvernementaux, à la 5e pour le nombre de ses fournisseurs et au 12e rang pour le taux d'abonnés à l'Internet haut débit pour cent habitants. On la trouve 14e sur les achats gouvernementaux de produits high-tech.

En revanche, pour la facilité d'accès au capital risque, l'Hexagone n'est que 30e, de même que pour le niveau de collaboration entre universités et industriels. Et, elle chute à la 111e place pour le poids des contraintes réglementaires. D'une façon générale, le niveau de préparation des entreprises et du gouvernement semble avoir marqué le pas pour le pays en 2007, si l'on en croit le rapport, alors que la maturité technologique individuelle, elle, progressait.

A noter que le rapport 2007-2008 a été sponsorisé par Cisco.

En savoir plus :

Accès à la consultation interactive du Global Information Technology Report 2007-2008 établi par le World Economic Forum et l'Insead :

- Pour l'ensemble des 127 pays.