La blockchain sort de plus en plus des phases de recherche et développement pour passer dans le monde réel. Cette technologie de grand livre numérique distribué procure à tous ses utilisateurs une transparence à travers la chaîne d’enregistrement des transactions et tous les secteurs – finance, commerce, assurance et supply chain – sont attentifs à sa mise en œuvre. Voici quelques exemples d’applications mises en oeuvre ou sur le point de l'être

1 – L’Estonie protège les données privées de ses administrés

L’Estonie est connue pour son adoption avancée des technologies numériques en Europe. Ce sujet n’y fait pas exception. L’état balte développe sa propre blockchain appelée Ksi et axée sur la sécurité des données privées et la protection des réseaux, systèmes et données. La solution est disponible dans 180 pays et elle est utilisée dans différents secteurs, allant des données de justice à l’identité numérique. L’Estonie revendique ainsi d’être le 1er pays à utiliser la blockchain au niveau national. « Etre une société numérique entraîne une exposition aux cyber-menaces », rappelle l’état sur son site e-estonia. C’est à la suite des cyber-attaques affrontées en 2007 que le pays a développé sa technologie blockchain afin pouvoir garantir l’intégrité des données stockées par ses services administratifs.

2 – Gibraltar lance sa propre crypto-monnaie

Au sud de l’Espagne, le territoire de Gibraltar (6,8 km2) a lui aussi annoncé son intention de recourir à la blockchain mais dans un autre domaine. Il prévoit de son côté de créer sa propre crypto-devise dans un cadre réglementaire strict, avec une mise en vente initiale de monnaie prévue du 7 au 14 février 2018. « L’introduction de systèmes basés sur des règles » est absolument nécessaire si l’on veut que le système blockchain atteigne maturité et stabilité, a souligné Nick Cowan, chief executive de GBX, Gibraltar Blockchain Exchange. « Basé sur des principes de décentralisation et un consensus communautaire, le GBX cherche à créer une nouvelle ère de confiance, d’ouverture et de reconnaissance mondiale pour l’industrie crypto, avec une entrée de devise de qualité à la fois », a-t-il déclaré.

3 – Toyota veut gérer les données d’assurance des voitures autonomes

Mi-2017, Toyota Research Institute, filiale du constructeur automobile Toyota, a annoncé un partenariat avec le MIT Media Lab sur le développement de voitures autonomes. L’objectif consiste à stocker de façon sécurisée les données générées par la conduite automobile qui permettront ensuite de calculer les taux d’assurance, une question réglementaire délicate en ce moment dans le domaine des voitures autonomes. Des centaines de milliards de kilomètres de données de conduite pourraient être nécessaires pour développer des véhicules autonomes sûrs et fiables, a reconnu Chris Ballinger, le directeur des services mobiles de Toyota Research Institute, au moment de l’annonce. « Les blockchains et les architectures distribuées pourraient permettre de récupérer les données provenant des détenteurs de véhicules, des gestionnaires de flottes et des constructeurs pour atteindre plus rapidement cet objectif.

4 - Everledger et Chai Consulting garantissent la provenance des vins d’exception

La start-up Everledger, spécialisée sur la technologie blockchain, utilise déjà celle-ci pour répertorier les diamants. Elle a également appliqué la technologie à d’autres produits dont le coût peut atteindre des sommets : les grands crûs. En 2013, on estimait que la contrefaction dans ce domaine pouvait atteindre 20% des ventes mondiales de vin. En 2016, Rudy Kurniawan, un faussaire de haut vol a défrayé la chronique pour avoir dupé des milliardaires en faisant grimper les enchères sur des bouteilles supposées rares et de grande valeur, avant d’être démasqué par le Français Laurent Ponsot. Cet épisode médiatisé a amené Maureen Downey, experte en évaluation et authentification de vins rares chez Chai Consulting (à San Francisco), à s’associer à Everledger pour établir la provenance de vins de grande valeur et assurer sa traçabilité sur la totalité du parcours effectué par les bouteilles.

Fin 2016, les partenaires ont annoncé la solution Chain Wine Vault qui collecte plus de 90 points de données, incluant une photographie haute résolution, les enregistrements de propriété et le stockage pour créer une empreinte numérique certifiée sur la blockchain. « Similaire à la supply chain associée au diamant, l’industrie du vin a été lourdement impactée par la contrefaction et les menaces liées aux bouteilles frauduleuses commercialisées à travers des sources fiables », rappelle la fondatrice d’Everledger Leanne Kemp. « Nous pouvons recourir à [la blockchain] pour résoudre ces problèmes et ajouter une couche de transparence et de confiance aux produits que nous vendons et achetons au niveau mondial ».

5 – Un brevet Mastercard pour un service de transfert d’argent

Un brevet déposé par MasterCard laisse entendre que le groupe de services financiers américain bâtit un système blockchain pour gérer les paiements en temps réel. En résumé, le brevet décrit son intention de déployer une technologie de grand livre distribué pour développer une « méthode et un système de paiement instantané utilisant des garanties d’enregistrement ». MasterCard avait déjà manifesté son intérêt pour la blockchain et il indique maintenant que cette technologie pourrait fournir un enregistrement irrécusable pour les transactions, les réseaux de paiement et produire un code de réponse pour vérifier le paiement. Dans son dépôt de brevet, MasterCard décrit « une méthode pour effectuer une transaction électronique garantie incluant : la conservation du profil du compte stockant, chacun comportant un numéro de compte et le solde, la réception d’un message de transaction émis par l’institution financière contractante à travers un réseau de paiement, le message incluant un numéro de compte spécifique, le montant de la transaction et les données de garantie de paiement ».

6 –BNP Paribas optimise sa trésorerie interne au niveau mondial

BNP Paribas a mené avec succès un projet pilote avec le cabinet de conseil EY visant à utiliser la technologie blockchain pour optimiser ses opérations de trésorerie internes au niveau mondial. La banque française a annoncé en octobre 2017 que son département ALM Trésorerie que ce pilote, validé à la fin de l’été, avait permis de vérifier comment une blockchain interne et privée pouvait « améliorer l’efficacité opérationnelle avec une approche du cash management plus intégrée entre lignes métiers, une meilleure flexibilité et une couverture horaire 24/24 ». Dans un communiqué, la banque ajoute que ce pilote a également permis de renforcer l’interopérabilité entre ses systèmes « en connectant la blockchain privée à l’écosystème du SI existant via l’utilisation d’assistants virtuels et d’API ». Selon Xavier Toudoire, responsable SI et architecture du département ALM Trésorerie, dans son utilisation privée, la technologie blockchain, permet de développer des « processus opérationnels et métiers auparavant impossibles, en raison en particulier de la distribution des données et de la confiance entre les parties prenantes du système ».

7 – L’entreprise minière BHP Billiton assure la traçabilité de ses échantillons

Le producteur de minerais BHP Billiton utilise une blockchain basée sur Ethereum pour assurer la traçabilité de ses échantillons de roches et de fluides. Ces procédures sont habituellement enregistrées manuellement sur des tableurs ou à travers des échanges de mails entre les intervenants. Ainsi que l’explique le magazine Australian Financial Review, la blockchain permet aux techniciens d’attacher des données telles que l’heure d’extraction et d’ajouter des notes aux informations existantes afin de créer un enregistrement qui peut être lu par tout le monde et offrir de ce fait une transparence. Cette solution a été développée par la start-up BlockApps.