Poursuivi par la Justice américaine et l'US Securities and Exchange Commission (SEC), l'équipementier franco-américain Alcatel-Lucent a conclu un règlement à l'amiable d'un montant de plus de 137 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites engagées pour corruption. La compagnie avait en effet versé des pots-de-vin à plusieurs fonctionnaires afin de remporter des contrats de plusieurs dizaines de millions de dollars au Costa Rica, au Honduras, en Malaisie et à Taiwan. À la suite de ces versements, Alcatel-Lucent aurait dégagé 48,1 millions de dollars de bénéfices. Et près de la moitié de cette somme provenait de trois contrats au Costa Rica, d'un montant global de 300 millions de dollars. Des marchés remportés par Alcatel suite aux versements de plusieurs « enveloppes » à des fonctionnaires locaux selon le ministère de la Justice

Alcatel-Lucent et trois de ses filiales, Alcatel CIT, Alcatel Costa Rica et Alcatel Standard, ont ainsi accepté de payer 92 millions de dollars pour régler les affaires portées par le ministère de la Justice en vertu du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA). La société a également admis avoir violé les dispositions sur le contrôle interne de ses livres de comptes - relatif au FCPA - pour recruter et payer des intermédiaires chargés de faciliter « ses affaires » en Angola, au Bangladesh, en Équateur, en Côte d'Ivoire, au Kenya, au Nicaragua, au Nigéria, au Mali et en Ouganda, précise le ministère de la Justice.

Des amendes déjà provisionnées par l'équipementier

Selon la SEC, Alcatel a effectué en toute connaissance de cause des paiements illicites à des représentants de gouvernements étrangers à travers ses filiales et falsifié  ses livres de comptes et ses dossiers pour camoufler le paiement de ces pots-de-vin. Alcatel n'a toutefois ni reconnu ni nié les accusations de la SEC, mais a accepté de payer une pénalité 45 millions de dollars, de respecter les lois de la SEC qu'elle aurait enfreints, et de nommer un observateur indépendant pour trois ans. La proposition de règlement de la SEC est toutefois soumise à l'approbation du tribunal.

Ces amendes auront peu d'impact sur les résultats financiers d'Alcatel-Lucent cette année, puisqu'en février dernier l'équipementier avait indiqué avoir provisionné 93 millions d'euros dans le cadre de l'affaire. Ces activités inappropriées se sont déroulées avant la fusion d'Alcatel avec Lucent Technologies en 2006.

Ilustration : Campus d'Alcatel-Lucent aux Etats-Unis, près de Chicago crédit D.R.