Kaleao, le concepteur de puces britannique qui vient de relancer Bamboo Systems avec un financement de pré-Série A, affirme que ses puces serveurs basées sur ARM seront beaucoup plus efficaces en terme de consommation d'énergie que celles de ses rivaux. À la différence de Marvell et de son processeur ThunderX2 et de Ampere Systems et de ses processeurs eMAG ARM, Bamboo vise les serveurs x86 qui détiennent 95% du marché. L'entreprise affirme que les deux processeurs ARM ne sont pas différents des processeurs x86. « Les fondeurs Marvell et Ampere ont développé une puce pouvant s'insérer correctement dans un slot de carte mère et de châssis qui peut aussi accueillir une puce Intel/AMD. En tant que fabricants de puces, ils s'opposent donc frontalement à Intel/AMD. Or, si l’on regarde le passé, cela ne crée pas de solution durable pour les OEM », a déclaré John Goodacre, co-fondateur et directeur scientifique de Bamboo.

Si le design de la carte mère de Bamboo est différent, le processeur et la couche logicielle n’ont pas changé. Pour l’instant, le concepteur n’en est qu’à l'étape du prototype. Son serveur est basé sur le design de la puce ARMv8 Cortex-A57 de Samsung, donc le CPU lui-même n’a pas été modifié. Conçue pour travailler en cluster en mode big.LITTLE, cette puce lancée en 2013 est la première déclinaison 64 bits d'ARM. Même si Bamboo s’est affranchi du design de carte mère traditionnel, John Goodacre a précisé que le logiciel restait entièrement compatible et qu’il fonctionnera sans changement. Le nouveau design pourra donc faire tourner toutes les applications basées sur Linux et ARM.

Principal bénéfice : la consommation

Chercheur à l'Université de Manchester, John Goodacre a travaillé pendant 17 ans chez ARM sur des projets de recherche exascale. Selon lui, mettre plus de cœurs dans la matrice d’un système conçu pour les stations de travail ne suffit pas pour construire des serveurs énergétiquement plus efficaces à l’échelle. « Nous avons réalisé qu’en terme énergétique, dans une architecture système, la puissance consommée par les composants était plus importante que celle consommée par le jeu d'instructions. Plusieurs serveurs équipés de puces ARM ont montré que le gain en efficacité énergétique d’une puce ARM était à peine de quelques dizaines de %. La différence avec les puces x86 n’est donc pas déterminante », a-t-il ajouté.

Le chercheur a remarqué qu’à cause de tous ses ports comme l'USB et les I/O, beaucoup d'énergie était gaspillée par la carte mère. Kaleo, désormais Bamboo, a redessiné toute sa carte mère pour mutualiser des composants comme les I/O et la mémoire. Et le doublement du nombre de processeurs n’impose pas de doubler la carte mère. L’infrastructure partagée permet une mise en commun des ressources non-CPU et NVMe pour augmenter la capacité de stockage. « Un boîtier 3U peut contenir jusqu'à 192 serveurs 8 cœurs, 42 SSD U.2 et 192 disques SATA 6 directement connectés. « Le concept de carte mère a disparu. Il est remplacé par une infrastructure qui supporte les processeurs. Nous construisons des clusters de machines sur des cartes où l'infrastructure est partagée entre les éléments du processeur », a encore expliqué John Goodacre. « Le résultat, affirme-t-il, c’est que le système Bamboo peut fournir la même quantité de trafic Web dans 10x moins d'espace serveur en consommant 5x moins d'énergie. Un rack matériel Bamboo équivaut à 10 racks de nos concurrents », a encore affirmé M. Goodacre. Bamboo a promis de donner plus de détails sur son design début janvier.