(Mise à jour) C'est en mars qu'Intel lance ses processeurs Xeon 5600 Westmere gravés en 32 nm, un an après les Xeon 550 Gainestown (45 nm). Ces puces destinées au marché des serveurs (lames et rack) réunissent quatre ou six coeurs par socket, et promettent de meilleures performances pour une consommation d'énergie réduite. Très vite,  Dell, Fujitsu, HP et IBM les intègrent dans leurs machines. Quelques semaines plus tard, Intel livre les Xeon Nehalem-EX. Ce sont les processeurs pour serveurs les plus rapides du moment. « Jamais le gap d'amélioration n'avait été aussi fort entre deux générations, affirmait alors Pascal Lassaigne, directeur du marché entreprises chez Intel France. Entre le Xeon 7400, classe Dunnington, et le 7500, sur base Nehalem-EX, les performances sont multipliées par trois en moyenne. » Cent serveurs monocoeurs pourraient être remplacés par 5 machines animées par des Xeon 7500 huit coeurs. « Et dans le cas où ces solutions monocores seraient remplacées par 100 unités Nehalem-EX, les performances seraient multipliées par 20. »

La réponse d'AMD ne se fait attendre. Le concurrent d'Intel, installé à quelques kilomètres de là dans la Silicon Valley, compte se battre sur le front des prix face au Xeon 5600 Westmere 32 nm. Il prévoit de proposer sa plateforme Maranello, qui peut recevoir quatre sockets Opteron « Magny-Cours » (8 à 12 coeurs), dans la même fourchette de prix que les deux sockets d'Intel. Présentée sous le manteau depuis plusieurs semaines, sa plateforme Opteron 6000 est officiellement dévoilée le 29 mars. Le gain de performance attendu est environ le double des précédentes puces six coeurs. AMD reprend une astuce, déjà utilisée par Intel, qui consiste à assembler des coeurs par couple pour fournir une puce Opteron 6100. Cette dernière, toujours gravée en 45 nm (contre 32 nm pour les Westmere et 45 nm également pour les Nehalem-EX), possède 1,8 milliard de transistors quand le Westmere en revendique 1,2 milliard et le Nehalem-EX 2,3. AMD espère aussi convaincre les entreprises de remplacer leurs serveurs bi-sockets par sa solution en leur faisant valoir la réduction des coûts sur les logiciels (la tarification des licences se fait généralement par processeur, sans tenir compte du nombre de coeur par puce).

Systèmes Unix : Itanium Tukwila, Power7 et Sparc T3

En février, Intel a également lancé, après de nombreux retards, son processeur Itanium connu sous le nom de code Tukwila. Cette puce 64 bits gravée en 65 nm a été conçue pour fonctionner sur des serveurs à faible tolérance de pannes. « Tukwila fait plus que doubler les performances de l'Itanium précédent », souligne alors Intel. Ce processeur à quatre coeurs est en concurrence directe avec les Sparc d'Oracle/Sun et les Power7 d'IBM. Justement, Big Blue annonce le sien quelques jours plus tard. Gravé en 45 nm, cadencé de 3 à 4,14 GHz, le Power7 sera livré avec 4, 6 ou 8 coeurs, chacun d'eux étant en mesure d'exécuter quatre threads. Une puce Power7 huit coeurs peut donc mener 32 tâches simultanément, soit quatre fois plus que les Power6. Comme chez Intel, la puce d'IBM possède une technologie baptisée TurbcoCore qui permet d'augmenter temporairement la fréquence des coeurs actifs (quatre sur huit). Ces pouces doivent fournir deux fois plus de performances que les Power6 en consommant quatre fois moins d'énergie, indique IBM.

En septembre, c'est au tour d'Oracle d'annoncer des serveurs animés par le processeur Sparc T3, une puce qui a commencé sa vie chez Sun Microsystems et que certains pensaient bien ne plus revoir depuis le rachat de la compagnie de Santa Clara. Connu sous le nom de code Rainbow Falls, ce Sparc T3 intègre jusqu'à 16 coeurs, soit deux fois plus que la précédente puce haut de gamme de Sun, l'UltraSparc T2 Plus, qui a été dévoilée il ya deux ans. Pour l'occasion, Oracle a procédé à un petit changement dans  l'appellation de la marque en raccourcissant UltraSparc en simplement Sparc. Ces processeurs sont destinés aux serveurs de la série T d'Oracle sous Solaris.

L'option Atom ou ARM pour les serveurs



En marge des serveurs à base de Westmere, de Nehalem ou d'Opteron, d'autres options apparaissent sur le marché. Ainsi, le Californien SeaMicro annonce-t-il en juin qu'il a développé le SM 1000, un serveur composé de 512 Atom, processeurs à faible puissance d'Intel, montés sur de petites cartes mères. Des puces que l'on trouve habituellement dans les netbooks bon marché. Andrew Feldman, PDG de SeaMicro et personnage controversé dans la Silicon Valley, justifie son choix en expliquant que les Atom peuvent être plus efficaces sur le plan énergétique que des processeurs x86 traditionnels. En particulier pour le cloud et pour certains types d'opérations sur Internet, où les charges de travail sont souvent plus petites en taille, mais plus importantes en volumes. Mais Intel, de son côté, ne souhaite pas positionner les processeurs Atom sur le marché des serveurs, considérant notamment que ce type d'offres ne peut se limiter qu'à des marchés de niche.