Après la CNIL en France, son homologue en Allemagne, en Espagne, et les justices américaines et australiennes, c'est au tour de la police anglaise de s'intéresser de plus près à la captation de données personnelles circulant en WiFi par les voitures Google Street View. Après une plainte formulée par Privacy International, ONG défendant le droit à la vie privée, la Metropolitan Police, basée à Londres, a décidé de mener son enquête sur les activités de Google. D'après l'entreprise, les données captées provenaient de réseaux WiFi non-sécurisés, et l'ont donc été par inadvertance. Les voitures Google, chargées de prendre les photos, sont équipées d'un système d'enregistrement des réseaux sans fil se trouvant à proximité. Le but étant de fournir ces renseignements à son service de géolocalisation, Google Latitude, qui utilise les points d'accès WiFi, les réseaux GSM et les systèmes GPS afin de localiser les utilisateurs et leur proposer ses services. Dans cette optique, l'équipement de ces voitures change cinq fois par seconde les connexions aux réseaux sans fils, fréquence pourtant jugée suffisante par les organismes de protection de la vie privée, étant donné les débits actuels, pour capter des données personnelles potentiellement sensibles.

Le 4 juin dernier, Google a été obligé, après une mise en demeure de la CNIL, de fournir des données récoltées à la commission. Après analyse, ces informations contenaient non seulement des SSID  et des adresses IP, mais aussi des mots de passe réseaux et mails. Des demandes similaires ont été formulées par l'Allemagne et même l'Espagne à l'attention de Google, afin de pouvoir effectuer leurs propres analyses. Le 21 juin, le ministère de la justice du Connecticut a ouvert une enquête pour déterminer le degré d'invasion de la vie privée par Google, relatif à ces données personnelles captées. Cette action en justice fait suite à celle, similaire, lancée en Australie un peu plus tôt en juin.

L'Angleterre s'ajoute donc à la liste des pays s'intéressant de plus près à cette pratique en cours depuis trois ans, d'après l'annonce de Google du 14 mai dernier. Depuis, des investigations émergent de toute part. « Nous souhaitons que ces procédures obligent Google à revoir ses façons de faire. Peut-être qu'à l'avenir la compagnie se reposera moins sur sa communication, et se concentrera sur une meilleure gouvernance », déclare Simon Davies, de Privacy International.

Illustration voiture Street View de Google à Puteaux, crédit photo P.Sayer/IDG NS