IDGNS : Vous ne dites pas grand chose des portables 'ultra low cost'. Est-ce que ce n'est pas important pour les pays en développement ? Craig Mundie : C'est important et Microsoft aura des offres. Nous avons déjà des produits pour le Classmate et même l'OLPC pour lesquels nous allons fournir du logiciel. Nous aimerions vraiment un monde dans lequel chaque enfant a son propre portable, et c'est clairement le résultat à long terme pour lequel on veut se battre. Mais nous sommes aussi réalistes. Même à 200$ la machine, étant donné le nombre d'enfants qui n'ont rien aujourd'hui, ce serait un casse-tête pour les gouvernements rien que pour savoir comment acheter un de ces PC pour chaque enfant. C'est pour cela que je mets l'accent sur des projets comme Multipoint. Prenons une classe de trente élèves, avec des PC à 200$, cela revient à 6000$. Avec Multipoint, on achète un PC standard à 300$ et 30 souris à 3$, cela ne revient qu'à 400$. Bien sûr, ce n'est pas aussi bien que si chacun avait son portable, et pouvait le rapporter à la maison, mais au moins ils peuvent commencer à travailler avec de l'informatique. Comment peut-on comprendre les besoins d'un petit pêcheur indien quand on navigue sur un yacht ? Vous aimez naviguer, et vous avez un yacht de 21 mètres. Dans son discours de ce matin, le secrétaire général de l'Asean (Association des nations de l'Asie du sud-est) a rappelé que sur les eaux de l'économie mondiale, tous les bateaux ne naviguaient pas à la même vitesse. Les yachts vont plus vite que les petits radeaux de pêche en bambou. Avec votre expérience et votre yacht, comment pourriez-vous savoir ce dont un habitant d'un pays pauvre a besoin en termes de technologie ? Vous savez, je voyage beaucoup dans le monde. Ma femme et moi avons navigué en Inde il y a quelques mois. Nous étions sur un bateau avec un capitaine, un cuisinier et un matelot, et tous les trois avaient des téléphones mobiles. Et tout le temps où nous avons navigué dans les eaux de cette Inde rurale, ces gars ont tout simplement appelé et conclu des arrangements pour savoir où prendre le prochain gars, ou bien où accoster pour la prochaine escale, etc. Je pense qu'il y a des tas d'histoires de pêcheurs qui ont des mobiles et qui améliorent leur productivité à la fois en recevant des indications sur la localisation des poissons et sur les prix des marchés. Alors je maintiens que même ces pêcheurs, aussi petits que soient leurs bateaux, bénéficient vraiment de l'accès aux nouvelles technologies. Et tout cela est cohérent avec ce que j'essaie de faire : trouver des moyens économiques pour fournir des services sur Internet et proposer l'accès à ces services sur un environment informatique à bas prix avec des logiciels adaptés. Je crois que la dernière partie importante de notre travail, c'est de créer ce que l'on appelle un écosystème logiciel dans chacune de ces régions afin de bâtir les applications que veulent les gens. Microsoft ne va pas écrire l'application de gestion des prix et des marchés pour le pêcheur. Mais si nous pouvons donner les outils pour le faire, alors dans le sud de l'Inde par exemple, quelqu'un peur écrire cette application de pêche et la rendre disponible. Vous savez, nous avons toujours fait ça sur le PC et nous le faisons de plus en plus sur les smartphones. Et comme les services sur Internet émergent, Microsoft s'est engagé à fournir une plate-forme avec un modèle de programmation pour que les développeurs construisent et déploient les composants Internet de leurs futures applications.