Passant peu à peu du stade expérimental à la commercialisation, la cryptographie quantique est l'un des grands espoirs en matière de communication sécurisée. Se basant sur un des principes de la physique quantique qui dit qu'on ne peut observer un phénomène sans le perturber, la cryptographie quantique utilise un flot de photons pour transmettre les clés de chiffrement. En théorie, si un espion essaie d'intercepter la clé, il va modifier l'aspect du photon messager et donc, alerter l'émetteur et le destinataire que la communication n'est plus sûre. En pratique, il est très difficile d'obliger un laser à n'envoyer qu'un photon à la fois. Si l'espion choisit d'intercepter les photons surnuméraires, il pourra en déduire l'aspect des photons messagers, et connaître la clé échangée, sans se faire remarquer. Pour parer à cette éventualité, les scientifiques du Toshiba Research group de Cambridge (Royaume-Uni) suggèrent de noyer l'éventuel espion sous un trop plein d'informations. L'idée est d'envoyer - en même temps que des photons messagers - des photons leurres à une puissance légèrement plus faible. Si un espion cherche à écouter la transmission, il tombera plus facilement sur ces photons leurres et, à l'arrivée, le destinataire constatant qu'il y a moins de leurres que prévu, saura que l'envoi n'était pas sûr. Plus intéressant encore que de brouiller l'écoute, cette technique a pour effet secondaire de renforcer le signal général de la transmission. Grâce à elle, les chercheurs peuvent envoyer des clés quantiques sur des fibres optiques longues de 25 kilomètres à une vitesse de 5,5 kbits/s, soit une amélioration de 100 % par rapport aux méthodes traditionnellement employées. "Grâce à ces nouvelles méthodes, nous pouvons distribuer beaucoup plus de clés secrètes à la seconde, en garantissant la sécurité inconditionnelle de chacune", affirme Andrew Shields, responsable de l'information quantique chez Toshiba research.