Plus ça change, plus c'est pareil. Comme au cours des trois dernières années, ce sont les activités mobiles et Internet qui ont tiré la croissance de France Télécom en 2004, tandis que les activités entreprises (Equant) et fixes subissaient de plein fouet l'irruption des technologies IP et les effets de la concurrence accrue.
A périmètre constant le CA de l'opérateur a progressé de 4,1 % au cours de l'année passée pour s'établir à 47,2 Md¤. Le résultat net, de son côté, atteint 2,8 Md¤, soit un petit peu moins qu'en 2003, où l'opérateur avait bénéficié d'un produit d'impôt de 2,6 Md¤. Côté bonne nouvelle, le désendettement du groupe s'est poursuivi à un rythme soutenu. La dette de France Télécom est pour la première fois depuis longtemps repassé sous la barre du chiffre d'affaires annuel, à 43,9 Md¤ contre 72,2 Md¤ en 2002

Les mobiles et Internet tire la croissance du CA
Les activités mobiles sont toujours le fer de lance de la croissance du groupe. Orange a ainsi vu son CA progresser de 10,4 % à périmètre constant pour atteindre 19,66 Md¤, dont 8,6 pour la France, et 6,1 pour la filiale anglaise. Orange affiche un impressionnant résultat d'exploitation de 4,77 Md¤ et s'affirme un peu plus comme la vache à lait du groupe
Wanadoo fait tout juste moins bien avec une croissance de 9,9 % du CA à 2,8 Md¤. Le résultat d'exploitation, à 257 M¤ est toutefois en recul du fait de la forte pression sur les prix et des investissements consentis à l'international.
France Télécom recule sur le fixe, mais accroît ses bénéfices
Le chiffre d'affaires des activités Fixe, Distribution, Réseaux, Grands Comptes et Opérateurs enregistre de son côté un léger recul de 0,3 % à périmètre constant et s'établit à 21,68 Md¤. L'érosion observée les années précédentes semble avoir été endiguée, du fait notamment du succès des offres ADSL et des services de dégroupage.
Le chiffre d'affaires de la téléphonie grand public, en recul de 3,7 %, subit le double effet de la pression sur les prix et de la substitution progressive de certains appels fixes par des appels mobiles (le trafic voix est en recul de 8,8 %). Les services aux entreprises reculent de leur côté de 4,7 %, eux aussi du fait de la baisse du trafic voix.
Pour autant, il n'y a pas matière à verser une larme pour l'opérateur. Les mesures drastiques de réduction des dépenses opérationnelles et d'investissements ont largement compensé le recul du CA. Le résultat d'exploitation de la branche progresse ainsi de 16,1 % pour atteindre 5 Md¤. De quoi inquiéter les concurrents, qui depuis plusieurs mois soulignent que France Télécom utilise son quasi-monopole sur la boucle locale pour doper ses profits à leur détriment.
Equant reste le mouton noir du groupe

Avec un CA en recul de 1,2 % à périmètre constant et un résultat négatif de 274 M¤, Equant reste le mouton noir du groupe. L'opérateur international d'entreprises a vu ses ventes de services réseaux chuter de 6,5 % du fait de la baisse des prix, mais aussi de la migration des réseaux des clients vers les technologies IP, plus économiques. Cette diminution est compensée par la croissance de 24,6 % des services d'intégration (480 M¤) et par la progression de 19,4 % des autres services (216 M¤).

L'opérateur intégré doit faire ses preuves

Au-delà des résultats, l'année 2004 aura été marquée par l'ambition de Thierry Breton de constituer un "opérateur intégré" en réinternalisant Orange, Wanadoo et Equant (voir encadré). Les cyniques remarqueront que France Télécom a toujours été un opérateur intégré (jusqu'à ses folies boursières des années 90) et que cette stratégie n'a rien de bien innovant, sinon un certain retour au bon sens.
Mais pour France Télécom, cette stratégie est la clé des innovations récentes comme le lancement d'offres "structurantes et novatrices" telles que Business Everywhere, MaLigne TV, MaLigne visio, Livebox. Peu importe que certaines de ces offres ne soient pas toujours compatibles entre elles (un comble pour un opérateur intégré), où qu'elles ne soient disponibles que sur une partie du territoire. Peu importe aussi que certaines aient rencontré des problèmes techniques massifs, comme l'offre voix sur IP avec LiveBox, ou que certains services évidents comme une messagerie unifiée fixe/mobile/Internet ne soient toujours pas disponibles. Peu importe enfin que les services techniques de Wanadoo et de FT se renvoient encore la balle en cas de panne. L'opérateur intégré a encore du chemin à faire pour faire ses preuves.