Association dédiée à l'évaluation des impacts environnementaux du numérique, Boavizta a publié, en fin d'année dernière, une étude sur les politiques de numérique responsable des organisations françaises. L'analyse montre d'abord que ces démarches proviennent le plus souvent d'une demande ou d'une volonté interne, et non de la réglementation ou d'une pression des clients ou investisseurs. Dans 47% des 85 organisations étudiées, l'impulsion provient du Comex et dans 37% des cas des collaborateurs de la DSI (le DSI lui-même n'est impliqué que dans 22% des cas).

Pour Boavizta, les initiatives émanant du terrain et les directives de la direction sont d'ailleurs complémentaires. « L'instigation de projets de numérique responsable a souvent été l'oeuvre de quelques collaborateurs motivés, organisés, passionnés et notamment tolérés par leur management de proximité », écrit l'association, tandis que le sponsoring du Comex permet, lui, de « pérenniser la démarche ».

Améliorer la marque employeur

Les démarches Green IT sont donc avant tout mises en oeuvre pour répondre à des préoccupations environnementales internes (dans 93% des cas). Dans plus de six cas sur dix, cette démarche est aussi associée au renforcement de la marque employeur. Plus d'un répondant sur deux y voit encore une opportunité de se démarquer de la concurrence. Si 27% des organisations interrogées considèrent le numérique responsable comme un levier de maîtrise des dépenses énergétiques, les autres motivations - comme le risque d'image, le respect de la réglementation ou les gains d'efficacité - sont, elles, citées par moins d'un répondant sur cinq.

Au-delà des motivations initiales, l'étude souligne les bénéfices des stratégies de numérique responsable. Si la réglementation n'est donc pas considérée comme une motivation prioritaire dans le lancement de ces démarches, elle est vue comme un bénéfice associé par près d'une grande entreprise sur trois de plus de 5000 salariés. Ce gain est, par contre, totalement ignoré par les entreprises plus petites. Comme le note Boavizta, si un cadre législatif existe (notamment avec les lois Agec de 2020 et REEN de 2021), « la réglementation, elle, tarde à devenir pénalisante ».

Dans ces mêmes grandes entreprises, la démarche est associée dans un cas sur trois à des bénéfices sur la marque employeur. Notons que cet axe est encore plus prégnant au sein des PME, « qui y voient un moyen de se démarquer dans le recrutement ou dans la fidélisation de leurs salariés ». Au-delà de ce bénéfice sur leur image, les entreprises interrogées peinent à réellement calculer le ROI de leur démarche de numérique responsable (NR). « 23% des répondants ne savent pas chiffrer et 26% ne pensent pas que le NR diminue les dépenses », écrit l'association. Parmi les organisations qui constatent des économies, une sur trois cite la réduction des achats informatiques et moins d'une sur quatre la réduction des factures d'énergie. Dans l'étude, l'éditeur de jeux Ubisoft mentionne, par exemple, une économie potentielle « supérieure à 1 M€ par an grâce à la mise en veille des workstations et à l'allongement de la durée de vie des équipements ».