Si l'activité cloud d'IBM ne pèse encore qu'une part très réduite de son chiffre d'affaires (4,4% sur les 100 Md$ générés en 2013), elle revêt une importance de premier plan, a rappelé hier Alain Bénichou, président d'IBM France, en annonçant l'ouverture dans quelques jours d'un datacenter SoftLayer près de Paris. Hébergé sur un site « ultra sécurisé » (NDLR : dans les locaux de Global Switch, à Clichy), celui-ci compte déjà 1 400 serveurs, gérés par une équipe française, a souligné Alain Bénichou en insistant sur la sécurisation des données et, par ailleurs, sur l'approche cloud hybride d'IBM.

Comme pour l'ensemble des implantations de SoftLayer dans le monde -13 datacenters au moment de son rachat par IBM, complétés d'ici fin 2014 par 15 autres résultant d'un investissement de 1,2 Md$- une large gamme de services est proposée sur l'infrastructure francilienne. A côté des classiques serveurs virtuels et services de stockage et réseaux, les entreprises pourront aussi y provisionner très rapidement des serveurs physiques (bare-metal), ce qui constitue l'un des intérêts distinctifs de cette offre IaaS. Par ailleurs, au-delà du IaaS, IBM investit à fond dans le PaaS avec sa plateforme logicielle BlueMix. Celle-ci donne accès à des outils de développement d'applications (incluant des services DevOps), mais aussi d'intégration, d'analyse de données, de mobilité, de sécurité, de gestion des objets connectés et jusqu'aux nombreux services cognitifs de la technologie Watson.  

Les datacenters de SoftLayer reliés en réseau privé mondial

Parallèlement à ses services de cloud managés, opérés sur son datacenter de Montpellier (un cloud mutualisé sur lequel les clients exploitent notamment des applications SAP et Oracle), Big Blue propose donc aux entreprises des services IaaS, PaaS et SaaS. « Plus de 110 logiciels IBM tournent dans un modèle de paiement à l'usage », rappelait hier Juliette Macret, directrice cloud computing de la filiale française. « Nous avons des outils pour transférer des workloads d'un cloud à un autre, notre moteur d'orchestration est sur OpenStack et nos partenaires peuvent ajouter des services, comme le fait un éditeur comme Simplicité ». Selon son point d'entrée, l'offre cloud d'IBM s'adresse aux DSI, aux développeurs, aux métiers et aux partenaires. Parmi les clients français déclarés de SoftLayer figure déjà Boursorama.

En juin dernier, le site de banque en ligne et d'informations financières a choisi d'externaliser pour 5 ans une partie de son infrastructure informatique chez IBM, a rappelé hier Alain Bénichou. 

Steven Canale, VP Global Sales, SoftLayerAux côtés du président d'IBM France lors de ce point presse à Paris, Steven Canale, responsable des ventes de SoftLayer, a décrit les technologies mises en oeuvre par la société créée en 2005 à Dallas. La connexion de l'ensemble de ses datacenters à travers le monde par des liaisons privées n'est pas le moindre de ses points forts.

Steven Canale, vice-président, responsable des ventes de SoftLayer.


Un serveur bare-metal déployé en 20 minutes


De son expérience acquise dans l'hébergement mutualisé et les déploiements personnalisés dans l'informatique d'entreprise, SoftLayer a vu l'opportunité de standardiser l'infrastructure matérielle et réseau de ses clients.

Exemple d'environnement de datacenter standardisé chez SoftLayer
« Un datacenter SoftLayer est constitué d'une série de pods contenant chacun de 350 à 4 000 élements matériels. On démarre avec 4 pods que l'on réplique autant qu'il le faut », a expliqué Steven Canale

Il a développé au-dessus un logiciel, IMS (Infrastructure Management System) permettant de gérer l'ensemble des services IaaS proposés et de provisionner très vite d'importantes capacités matérielles dans le cloud : « En quelques minutes ou heures ce qui prenait auparavant des semaines ou des mois et en payant seulement pour les ressources utilisées », a pointé Steven Canale en citant en exemple Citrix, l'un des gros clients de SoftLayer. Ce dernier a développé pour les équipes de vente de Citrix une API permettant aux commerciaux de déployer temporairement une instance cloud préconfigurée à partir de leur ordinateur portable afin effectuer des démonstrations chez le client. L'instance est fermée dès la fin de la démo.

Un serveur bare-metal facturé à l'heure se déploie en 20 à 30 minutes (à partir de 0,465$/heure). Le client peut choisir au-dessus l'hyperviseur qu'il veut. Quant aux instances virtuelles, elles se déploient en quelques minutes. Sur ce mode, SoftLayer propose à la fois des environnements multi-tenants, très évolutifs et moins coûteux, et single tenants, pour les applications qui s'accompagnent d'exigences particulières en termes de ressources. « Les clients sont très vigilants sur les questions de sécurité », souligne Steven Canale. « Nous proposons une transparence complète à travers notre environnement mondial. Le client peut choisir ses datacenters », souligne le vice-président, responsable des ventes de SoftLayer.

« Pas de Schengen des données »

« Pour nous, c'est une révolution », a affirmé à sa suite Alain Bénichou en insistant sur la sécurité qu'apportent les liens privés établis entre les différents datacenters de SoftLayer. « Nous voulons être ouverts et accompagner nos clients français à travers la planète avec le même niveau de sécurité. Nous ne voulons pas de Schengen des données. Tout ce que vous pouvez avoir chez vous, vous pouvez l'avoir dans le cloud ». Pour l'instant, l'offre de services managés gérée à Montpellier et l'infrastructure SoftLayer sont deux offres différentes, mais « nous voulons l'unifier avec le logiciel », a indiqué le président d'IBM France. « A terme, ces deux offres vont fusionner ».