Comment sont abordées les questions d'emploi et de formation des informaticiens au sein de Guide Share (voir l'encadré ci dessous)? Guide Share France compte 19 groupes de travail sur des thèmes divers (Produits IBM, Itil, Soa, etc) qui constituent son fondement. Les questions de formation et de compétences des informaticiens apparaissent en filigrane des discussions de tous les groupes de travail. Elles sont évidemment centrales car les technologies évoluent très rapidement. Un groupe de travail spécifique à la transformation des métiers IT est par ailleurs dédié au sujet des compétences et de leur évolution. Quelles sont les préoccupations exprimées dans ce domaine? Les nouvelles architectures sont de plus en plus complexes même si l'ouverture et la standardisation tant annoncées pourraient laisser entendre qu'il suffit d'assembler des briques entre elles pour obtenir le résultat voulu. En réalité, elles exigent de maîtriser de nombreuses technologies pour que la performance et le service soient réellement livrés aux utilisateurs. Ceci constitue une évolution très importante par rapport au Le modèle Mainframe d'architecture et d'organisation est imposé par IBM et connu depuis longtemps. Les produits IBM y sont pré-intégrés et fournissent les moyens de passer plus facilement du développement à l'opérationnel. Dans ce contexte, nous avons essentiellement besoin de compétences en développement et en exploitation. La connaissance fine des mécanismes de la machine est confinée chez quelques spécialistes Dans le monde des systèmes ouverts, les Directions des Systèmes d'Information ont aussi besoin d'architectes qualifiés et de compétences variées réparties sur plus de personnes liées à la complexité des systèmes ouverts. Y a-t-il un manque de compétences sur le marché de l'emploi sur Mainframe? Le risque de manque de compétences sur les grands systèmes est avéré à court et moyen terme. "Ceux qui savent" dans ce domaine ont plus de 50 ans pour beaucoup. Sur le marché, ils sont souvent free-lance ou « gourous » et difficilement accessibles. Nous constatons parallèlement que les jeunes sont peu motivés pour travailler sur les Mainframe. Ils acceptent de le faire si on leur garantit à terme de faire du J2EE ou du .Net. Cette tendance vient notamment des écoles qui font l'apologie exclusivement des nouvelles technologies parce que parler des langages Cobol et PL/1 passe pour "ringard". Cela donne aux jeunes une vision faussée des systèmes informatiques qui sont encore souvent basés à plus 50% sur du Mainframe, que ce soit dans les banques ou dans l'industrie. Par ailleurs, je considère que se former à la technique du Mainframe est excellent pour passer aux nouvelles technologies et en particulier apprendre ce qu'est une vraie architecture intégrée.. Cette technologie constitue-t-elle encore un débouché professionnel aujourd'hui ? Certes, certains groupes industriels arrêtent les Mainframe, mais pas tous. Dans mon entreprise, par exemple, une partie significative du parc applicatif est encore sous MVS (système d'exploitation des Mainframe, NDLR) et ce bien que nous ayons décidé en 1997, comme beaucoup d'autres entreprises, de faire une grande migration vers le monde du client/serveur, présenté à l'époque comme moins cher et plus moderne. Dix ans après, c'est la fin de l'utopie du 100% client/serveur poussée par les fournisseurs sur un modèle économique douteux. Grâce aux évolutions et aux baisses de tarifs proposées par IBM -notamment sous l'effet de la concurrence d'Unix- ses grands systèmes restent concurrentiels et économiquement viables notamment dans le domaine du back-office et des ERP développés en spécifique. La pérennité de la technologie est par ailleurs admise aujourd'hui puisqu'IBM maintient la filière. Nous pensons que l'héritage informatique logiciels et matériels du secteur tertiaire assure enfin une bonne stabilité du marché à ce niveau. Un signe patent de la vitalité de la technologie est qu'il n'y a pas de difficultés pour trouver des formations professionnelles sur Mainframe. Comment le mesurer ? Il est possible de le mesurer par le coût des personnes compétentes sur Mainframe. Il y a cinq ans, le tarifs journalier moyen d'un développeur J2EE était le double de celui d'un développeur MVS. Aujourd'hui, les tarifs sont les mêmes. Cela montre qu'il y a une demande et que les filières initiales ont autant de mal à fournir que pour J2EE. Le deuxième indicateur, c'est le fait que les jeunes développeurs sur grand système sont en capacité aujourd'hui de revendiquer en entreprise un salaire équivalent à celui d'un développeur Web. Quelles actions allez-vous engager pour traiter cette pénurie de compétences ? GuideShare est en train de se rapprocher des universités et des écoles d'ingénieurs pour réfléchir à la question suivante : est-ce que l'offre académique de formation est adaptée à la demande et à défaut, que faut-il faire pour qu'elle le soit et en particulier dans le monde des Mainframe. Quels savoir-faire nécessitent les activités d'intégration de systèmes très prégnantes dans les projets relatifs aux SI? L'intégration consiste à assembler toutes les pièces d'un système d'information (SI) sur un "banc d'intégration" en vérifiant que le résultat obtenu répond aux consignes techniques de l'architecte et aux spécifications fonctionnelles rédigées avec les utilisateurs. Dans ce contexte, le métier d'intégrateur exige des compétences techniques, fonctionnelles, mais aussi de production ainsi que d'analyse des performances. Le rôle de la fonction intégration est de valider le bon fonctionnement du système suivant les règles que les architectes du SI ont édictées pour répondre aux exigences du "business". L'intégration est donc une fonction très globale qui nécessite un palette de métiers souvent très techniques et donc peu lisible. Le management de cette fonction en est rendu particulièrement délicat. L'industrie informatique devrait d'ailleurs s'inspirer davantage de l'expérience des industries comme l'aéronautique ou l'automobile, qui ont appris à prendre en compte les différentes facettes d'un système intégré: temps de réponse, sûreté de fonctionnement, fiabilité, disponibilité etc.... trop souvent sacrifiées en phase de conception des SI. Le ingénieurs spécialisés dans les disciplines "systèmes" des sections d'études ou d'essais du monde industriel ont souvent les bonnes pratiques et compétences requises pour faire de bons SI. Quelles compétences plus généralement attendez-vous des jeunes informaticiens aujourd'hui ? Ils doivent être passionnés et aimer le travail bien fait. Ils ne doivent pas être impatients. Il leur faut comprendre qu'il y a des techniques spécifiques et de base qu'il faut maîtriser dans la fonction informatique, comme le développement, avant de penser à devenir manager. Nous apprécions aussi des personnes qui ont une vision globale des choses, qui sont habiles à passer d'une technologie à une autre- ce point est fondamental-, qui en ont le goût et la curiosité intellectuelle. Posséder l'esprit d'équipe et la capacité à comprendre le métier de ses collaborateurs est enfin très important. Enfin, avoir le sens du respect des engagements pris. Le monde de l'informatique est globalement très permissif. Les retards et les dérives fréquemment constatés dans les livrables, les projets, etc. Les jeunes doivent se responsabiliser sur ces points là, comme le reste de la profession d'ailleurs... .