L'agence Associated Press (AP) a mené l'enquête sur les résultats de la Business Software Alliance (BSA) aux Etats-Unis. Cet organisme rassemblant de grands éditeurs voulant lutter contre le piratage des logiciels estime en effet - chiffres d'IDC à l'appui - que le non-paiement des licences y atteint 21%, occasionnant plus de 8 Md$ de pertes de revenu à l'industrie du logiciel. Sur cette somme, estime AP, la BSA a récupéré l'année dernière 13 M$. Et ce à 90% dans des PME. AP cite ainsi le cas d'un cabinet d'architecture américain de 10 personnes, à qui la BSA a réclamé 67 000 dollars, soit « quasiment les bénéfices d'une année ». De son côté, la BSA explique s'en prendre principalement aux PME parce que c'est là que le piratage serait endémique - et non, bien sûr, parce que les PME n'ont ni les moyens de se défendre juridiquement, ni la possibilité de négocier des achats en volume. D'après AP, le plus gros règlement emporté par la BSA serait de 3,5 M$, avec « une entreprise de médias internationale ». Une somme à comparer aux 3 M$ que la BSA consacre annuellement, toujours selon AP, à du lobbying auprès des autorités américaines. L'année dernière, nous avions évoqué le cas d'une PME strasbourgeoise, qui s'était vue épinglée dans un communiqué triomphant de la branche française de la BSA. Qui indiquait que 62% de son parc logiciel était en situation irrégulière... sur un parc de neuf ordinateurs. Le gérant de la société nous racontait alors : « Je n'ai pas compris pourquoi nous avons été contrôlés. Nous avons créé l'entreprise suite au dépôt de bilan de la société qui nous employait en 2002, et nous avons racheté les neuf ordinateurs sur lesquels nous travaillions au liquidateur - sans nous douter que les licences n'étaient pas cessibles. J'avais prévu un plan sur trois ans pour avoir un parc à jour, à la fois sur le plan matériel et le plan logiciel. Nous avons été contrôlés au bout de deux ans et demi. Ce n'est vraiment pas de chance. » Menacé d'un procès, le gérant a préféré la solution à l'amiable proposée par BSA France : payer toutes les licences au prix fort, autoriser la BSA à publier un communiqué, et lui fournir pendant une période probatoire de deux à trois ans un listing de son parc logiciel. Rappelons enfin que la BSA, dont sont membres, entre autres, Adobe, Apple, McAfee, Microsoft, SAP ou Symantec, propose des primes aux gens dénonçant leur entreprise. Primes pouvant aller jusqu'à un million de dollars. Comme le souligne un avocat américain, les dénonciations arrivent en fait souvent quelque temps après le départ d'un membre clé du service informatique, généralement quelqu'un chargé de surveiller... que l'entreprise soit bien en règle.