Le groupe bancaire Société Générale affiche régulièrement des objectifs en matière de RSE (responsabilité sociétale et environnementale) particulièrement ambitieux. Sur la seule IT, en matière de green IT, l'objectif de réduction de l'empreinte environnementale est de 50 % d'ici 2025 au niveau groupe. Pour atteindre de tels objectifs, il est indispensable de former les développeurs pour leur faire prendre conscience des bonnes pratiques à adopter. Même si la population d'informaticiens du groupe bancaire représente 25000 personnes dans le monde, le sujet mérite aussi d'être promu à l'extérieur. Et, ce faisant, le groupe Société Générale défend également son image auprès d'une communauté où les talents sont disputés entre entreprises. « Nous voulons rester modestes sur ce sujet car nous sommes conscients qu'il y a encore beaucoup de travail à faire » modère Jean-Sébastien Goetschy, transversal CIO du groupe Société Générale.

En tant que transversal CIO, son rôle est de coordonner les différentes DSI dans le monde. Il a, à ce titre, encouragé et promu le challenge Green Circle qui a eu lieu du 16 au 28 juin 2022. Celui-ci s'appuyait sur un serious game développé par une équipe de développeurs du groupe et hébergé par CodinGame. Au cours de ce serious game, les participants étaient amenés à choisir différentes options et le jeu leur donnait un score dépendant des impacts de leurs choix. Un tel jeu sérieux (« serious game ») est jugé « très intéressant pour faire passer les messages » par Jean-Sébastien Goetschy. Relayé en interne par mailing et sur l'intranet ainsi qu'en externe essentiellement sur les réseaux sociaux, Green Circle a attiré 7300 inscrits d'une centaine de nationalités, issus de partout dans le monde.

Former les développeurs aux bonnes pratiques

Green Circle n'était pas un hackaton. Un hackathon vise à trouver de nouvelles solutions originales. Là, l'objectif était purement pédagogique en se basant sur les savoirs déjà acquis au sein du groupe. Jean-Sébastien Goetschy relève : « il s'agit bien de provoquer un changement de culture chez les développeurs alors que nous voulons former au moins 80 % de nos équipes sur le sujet. Nous estimons que 60 % de l'impact environnemental d'une application est générée lors de sa conception et il est donc fondamental de connaître les bases de l'éco-conception. »


Le challenge Green Circle a eu lieu du 16 au 28 juin 2022 avec CodinGame.

Bien évidemment, la Société Générale utilise des outils de vérification de la qualité du code produit en interne, comme SonarQube. Au delà de la qualité pure et de la sécurité, la RSE et les normes de frugalité IT sont désormais intégrés dans les paramètres de contrôle. « Et nous pouvons constater que lorsque l'on optimise le code pour le rendre moins énergivore, les optimisations concernent aussi la performance et la qualité » se réjouit Jean-Sébastien Goetschy.

Réduire l'empreinte environnementale, même avec une mesure contestable

Les normes de calcul de l'impact environnemental de l'IT sont très loin de faire consensus. Beaucoup d'éléments font l'objet de polémiques. Dès lors, comment juger des optimisations réalisées et transcrire les règles dans un serious game ? Jean-Sébastien Goetschy ne conteste pas les difficultés à mesurer d'une manière exacte l'impact environnemental : « la Société Générale est membre fondateur de l'Institut du numérique responsable et nous disposons à ce titre des abaques courantes dans le secteur, même s'il ne s'agit pas d'être exact sur le plan comptable mais plutôt d'être le plus conforme possible à l'état de l'art en matière de minimisation de l'impact environnemental. Nous sommes face à des problèmes classiques de référentiels et de qualité des données de mesure même si nous travaillons actuellement pour nous assurer que les chiffres sont les plus exacts possibles. » A terme, la Société Générale devrait pouvoir connaître avec exactitude l'empreinte environnementale de chaque application.

Green Circle constituait une opération ponctuelle. Pour « motiver les participants » et surtout « marquer le coup », quelques lots ont été attribués aux meilleurs, en l'occurrence des téléphones reconditionnés (pour rester dans le green IT). Il n'y avait volontairement pas de récompense dispendieuse. Rester sur douze jours permettait simplement de provoquer un côté ludique, un défi pour les participants. Mais les paramètres du scénario du serious game sont aujourd'hui intégrés dans les Mooc de la Société Générale sur le sujet de l'optimisation du code.

La RSE ne se limite pas au green IT

Au delà de la frugalité du code, objet de Green Circle, d'autres leviers existent bien sûr pour diminuer l'empreinte environnementale de l'IT. La Société Générale mise ainsi sur l'emploi exclusif d'énergie verte pour ses datacenters, sur l'optimisation de l'efficacité énergétique de ceux-ci (PUE) comme des bureaux (labellisation des bâtiments...), sur l'augmentation de la température des serveurs (et donc leur moindre refroidissement), etc.

Et, bien évidemment, le green IT ne constitue nullement la seule dimension de la RSE. « L'accessibilité, par exemple, est pour nous un vrai sujet et nous avons pris des engagements de conformité au RGAA [Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité, NDLR] pour les nouvelles applications mais aussi en, progressivement, mettant en conformité les anciennes » note Jean-Sébastien Goetschy. Il ajoute : « mais ce n'était pas là l'objectif de Green Circle qui se limitait à l'optimisation de l'empreinte environnementale du code. »