Pour contrer la menace croissante d'ARM, Intel a annoncé qu'il lancerait en 2013 des puces capables de rivaliser avec les produits d'ARM au niveau de la consommation d'énergie. Intel a également présenté une famille de PC portables appelés « ultrabooks », qui seraient un mélange déclaré des fonctionnalités des tablettes et des ordinateurs portables. Le fondeur de Santa Clara a également dévoilé des transistors 3D plus rapides et moins gourmands en énergie pour produire des puces gravées en 22 nanomètres à la fin de l'année. 

Pour être complet, il est nécessaire de souligner que certains analystes restent très sceptiques quant aux chances d'ARM de déloger les puces x86 du marché des PC portables. De nombreux obstacles se dressent sur le chemin du designer. Il y a par exemple la question des pilotes des périphériques (imprimantes, scanners, caméras...) qui se connecteront aux ordinateurs portables ARM, a déclaré Nathan Brookwood, analyste chez Insight 64. Les anciens périphériques seront difficilement connectables puisque ces appareils n'ont pas été pensés pour l'architecture ARM. Très peu de fabricants de périphériques fourniront un pilote pour un périphérique de plus de trois ans.

Les unités de stockage externe seront peut-être les éléments les plus faciles à connecter aux ordinateurs portables ARM en raison de la généralisation de l'interface USB. Mais le développement de standards propriétaires tels que Light Peak d'Intel - adopté par Apple (Thunderbolt) et Sony pour leurs produits - pourrait limiter certains périphériques de stockage aux architectures x86, a précisé Nathan Brookwood.

Un hyperviseur livré avec dans Windows 8

Microsoft n'a pas parlé des problèmes de compatibilité entre les jeux d'instructions x86 et ARM dans Windows. L'éditeur veut peut-être faire quelque chose de très intelligent (émulateur, hyperviseur type 1, machine virtuelle...) dont il ne souhaite pas encore discuter, a ajouté l'analyste. Une porte-parole de Microsoft a d'ailleurs refusé de commenter ce point précis : les problèmes de compatibilité x86/ARM dans Windows 8. 

Il y a aussi les problèmes de performance des processeurs ARM avec les programmes lourds développés à l'origine pour la plate-forme x86  comme les applications d'entreprise ou les jeux, estiment des analystes. Les puces ARM ont tendance à être moins puissantes que les processeurs x86, et l'absence de marge pour gérer des traitements exigeants réservera certaines applications à la plate-forme x86, a déclaré Dean McCarron, analyste chez Mercury Research. Il sera peut-être possible d'émuler des programmes x86 sur ARM, mais l'émulation pourrait demander trop de ressource. « Le résultat de la migration d'un processus x86 émulé sur une architecture ARM peut être au final aussi véloce ou plus lent, vous avez vraiment besoin de plus de performances a déclaré Dean McCarron.

Des challengers, comme Transmeta, qui a introduit une puce RISC de faible puissance pour les ordinateurs portables avec un émulateur x86, ont déjà échoué par le passé. Mais il y a eu des exceptions telles qu'Apple, qui réussit en douceur les passages de l'architecture 68000 au PowerPC, puis au x86. Les puces Intel proposaient suffisamment de puissance de calcul supplémentaire pour exécuter les logiciels PowerPC dans l'émulateur Rosetta.

ARM se concentre aujourd'hui sur les terminaux mobiles et les serveurs web

Jusqu'à présent ARM a toujours indiqué qu'il n'était pas axé le marché des PC en raison du coût et des défis posés pour détrôner l'architecture x86 de son perchoir. Il y a cependant déjà eu des tentatives des fabricants de PC pour pousser ARM sur le marché des PC. Il y a quelques années, des miniportables basés sur Linux et équipés de puces ARM, les smartbooks, avait émergé pour concurrencer les netbooks d'Intel mais sans succès. « Il y a eu beaucoup de tentatives pour promouvoir une architecture non-x86 dans l'industrie. A ce jour, elles ont toutes échoué », a déclaré l'analyste. Des architectures comme le MIPS et le 68000 de Motorola ont été abandonnées au bord de la route.

Il y a d'autres limites à l'architecture ARM comme le maximum supporté en mémoire vive et le non-support du 64 bits, estiment les analystes. L'ARM Cortex-A15 ne supporte que l'adressage mémoire sur 40 bits, et l'entreprise n'a pas répondu à nos questions l'intégration du 64 bits dans ses processeurs. 

Toutefois, la performance n'est pas la seule préoccupation pour les utilisateurs qui décident d'adopter un nouveau produit, selon Matthew Wilkins, analyste chez iSuppli IHS. La stratégie ultrabook d'Intel peut être vue comme un moyen de maintenir la domination x86, en particulier pour les utilisateurs qui veulent un produit bon marché sous la forme d'une tablette ou d'un ordinateur portable avec une batterie longue durée, a ajouté l'analyste. « Nous n'en sommes qu'au début, avec un Windows 8 pas encore sorti. Nous croyons que des ordinateurs portables sur base ARM avec des performances acceptables et une bonne efficience énergétique vont susciter de l'intérêt », conclut Williams Wilkins.