« Les fraudeurs deviennent plus intelligents, rusés, rapides, sournois et malveillants », indique Mary Callahan Erdoes, CEO  de l’activité gestion d'actifs et de patrimoine de JPMorgan Chase, au forum économique mondial de Davos.  Et l’ensemble de ces qualificatifs font que les cyberattaques sont en forte augmentation.

S’exprimant lors d’une session dont le thème était « les banques sont-elles prêtes pour le futur ? », la dirigeante que la banque doit faire face quotidiennement à 45 milliards de tentatives d’intrusion sur son réseau, soit deux fois plus que l’année précédente. Ces chiffres, relativisés ensuite par la communication de la banque (soulignant des évènements de sécurité) montrent la recrudescence des cyberattaques contre les établissements financiers au cours des dernières années. Une récente étude de Sophos montrait que le nombre d’attaques de ransomware dans le secteur financier a bondi de 64 %, soit près du double du niveau de 2021.

15 Md$ d’investissements et des ressources

Pour s’en protéger, JPMorgan Chase met les moyens financiers avec une enveloppe de 15 milliards de dollars par an dans l'IT et emploie pas moins de 62 000 ingénieurs (sur un effectif total en 2023 de Plus de 300 000 employés). « Nous avons plus d’ingénieurs que Google ou Amazon. Pourquoi ? parce que c’est nécessaire pour nous protéger » souligne Mary Callahan Erdoes.  Avant d’ajouter, « nous devons nous assurer que quand un client déplace un portefeuille d’un point à un point B, il le fasse en toute sécurité ». Il faut dire que la banque a eu une expérience de cyberattaque il y a 10 ans entraînant la compromission des données de 83 millions de comptes, dont 76 millions de ménages et 7 millions d'entreprises.

A l’occasion de ce débat, Gita Gopinath, directrice générale adjointe du FMI, a déclaré que l'utilisation de l'IA par les cybercriminels suscitait des inquiétudes chez les décideurs. Elle incite les politiques à prendre le sujet à bras le corps sans tarder, car elle craint « un gros évènement ». Par ailleurs, la responsable s’inquiète de l’usage de l’IA par les banques sur le long terme. « Si nous entrons dans un monde où toutes les grandes banques utilisent cette technologie, produite par trois ou quatre grandes entreprises, allons-nous assister à un comportement grégaire suralimenté, où les robots ou les modèles d’IA se nourrissent les uns des autres ? ».